Maudits peut-être, mais en tout cas très drôles! Le gala des Français, animé ce vendredi soir par Édouard Baer, aura été un des plus réussis de ce Festival Juste pour rire 2010.

Animateur de la soirée, le comédien et metteur en scène Édouard Baer a brillé dans un rôle qui lui va comme un gant: improviser (ou faire semblant d'improviser) à tout moment et sur n'importe quoi.

Usant de la même autodérision et de la même caricature d'une certaine prétention française que celles qu'il a dépeintes dans sa pièce Miam Miam, il a débuté en remerciant le public comme si le show était terminé! Serge Postigo, qui signait la mise en scène, s'est alors interposé en lui rappelant qu'il avait signé un contrat!

Baer a ensuite blagué avec des spectateurs en retard: «Désolé Mme, on a vendu les places plusieurs fois: c'est la politique Gilbert Rozon!» Puis, avant de filer à Saint-Sauveur où il avait un show une heure plus tard, Rachid Badouri a refait son sketch sur sa jeunesse et ses périodes «fresh» et «Gino», avec cette facilité qu'il a de mettre le public dans sa poche.

Debout avec le président-fondateur de Juste pour rire, Gilbert Rozon, sur le côté de la salle, le chef du Parti libéral, Michael Ignatieff, riait à gorge déployée. Le jeune humoriste Stéphane Poirier a ensuite chanté des tounes des Beatles en remplaçant les paroles par des classiques québécois. Assez réussi.

Ben & Jarrod ont ensuite mimé des jongleurs, des potiers, des mangeurs de tire sur la neige, une poule et une «brouette prise dans la bouette» avec toujours de nets sous-entendus libidineux. «Je me demande s'il n'y a pas eu une allusion sexuelle dans ce numéro, a dit, par après, Édouard Baer. On peut être Français et perspicace!» Le Comte de Bouderbala, alias Sami Ameziane, a ensuite raillé les Français et c'était très bien fait. Il a notamment comparé l'aigle américain au coq gaulois, «qui n'a même pas d'ailes et quand il ouvre sa gueule c'est pour engueuler tout le monde». Ovation.

Baer a ensuite glissé qu'il avait passé une belle nuit avec Pamela Anderson à l'hôtel St-Sulpice! Réal Béland est venu faire son Henri Latreille en direct au téléphone avec la gardienne des enfants d'un spectateur, à Saint-Hyacinthe. Des insolences du téléphone assez crampantes...

Puis, un groupe d'humoristes français, Les Écoliers, mêlant humour, imitations, acrobaties, reconstitutions de bagarres et break dance, a cassé la baraque. Très apprécié.

Puis, Laurent Gerra a imité Fabrice Lucchini lisant du...Carla Bruni dans «Ta tienne», une critique assez ouverte du couple présidentiel français. L'imitation n'était pas très réussie mais le texte se moquant du président Sarkozy et de sa Carlita était rempli de sous-entendus. L'imitation de Francis Cabrel était plus réussie.

Après l'entracte, Nabila Ben Youssef est arrivée avec un voile. «Le voile, avant, c'était pour séduire, pas pour faire fuir», a-t-elle débuté.

«Si une femme entrait avec un voile à l'Assemblée nationale, on est tellement moumounes au Québec qu'on le tolérerait!» Puis, Laurent Gerra est entré de nouveau sur scène déguisé en Gilbert Rozon. Il a fait quelques blagues, tellement mauvaises que le vrai Rozon est monté sur scène...pour s'en plaindre et rire bien sûr.

Puis, le Franco-Québécois Jérémy Demay a fait un triomphe en brodant sur nos dépendances aux nouvelles technologies, notamment au Blackberry. Ary Abittan a parlé des couples unis devenus des exceptions dans ce monde de divorcés. Le magicien Vincent C. a fait semblant de manger la tête d'une colombe. La bouche pleine de sang, il a fait «revivre» l'oiseau à la demande d'Edouard Baer qui a dit venir du pays de...Brigitte Bardot. Particulier.

L'imitateur et chanteur Mickael Gregorio a fait quelques vocalises, moins bonnes que ce qu'il fait d'ordinaire en France, avant que Stéphane Rousseau vienne nous dérider avec son passage aux douanes américaines.

Baer et Postigo ont conclu le show sur le registre des cousins éloignés, en chantant main dans la main avant que tous les artistes viennent sur scène pour un final très dynamique, à l'image de la soirée et de l'animateur hors Baer, bien sûr.