Il y a eu avant Tap Dogs et après Tap Dogs. Le fameux spectacle australien qui a révolutionné la danse à claquettes en 1995 est devenu une référence absolue, à laquelle se sont mesurés ensuite les Stomp, Gumboots et autres Riverdance. À guichets fermés au festival Juste pour rire à Montréal en 1996 et 1997, puis à Ottawa en 1998 et à Trois-Rivières en 2006, la troupe de Tap Dogs est de retour en ville. Avec en prime un danseur né à... Brossard!

Vous vous souvenez peut-être de la performance de Travis Knights à l'émission Le match des étoiles il y a une couple d'années. Ou du jeu vidéo inspiré du film Happy Feet (ce sont les pieds de Travis, ornés de capteurs, qui ont servi de modèles). Ou remarqué Travis au nombre des 26 danseurs à claquettes ex-tra-or-di-naires qui se sont produits au spectacle d'ouverture des Jeux olympiques de Vancouver?

Eh bien, c'est en assistant au spectacle de Tap Dogs au Monument-National, boulevard Saint-Laurent, alors qu'il avait 13 ans, que Travis Knights a eu la révélation. Il allait être danseur à claquettes. Et faire ainsi partie de Tap Dogs dans quelques jours.

Au bout du fil, plus précisément à Miami, la (belle) voix de Travis Knights confirme l'anecdote... en mêlant anglais et français, même s'il n'est plus aussi à l'aise dans la langue de Tremblay que du temps où il vivait à Montréal.

Mais à l'aise dans son corps, ça, Travis l'est. C'est ce qui lui a valu d'être sélectionné pour cette nouvelle mouture de Tap Dogs: «J'y suis allé sans me mettre trop de pression, surtout avec l'envie de rencontrer d'autres danseurs de tap dance: nous ne sommes vraiment pas très nombreux, c'est toujours intéressant d'établir des contacts. Alors, j'ai passé l'audition et puis, je suis allé me présenter à tout le monde, leur parler. C'est justement pour ma compétence comme danseur ET pour mon attitude que j'ai été choisi pour être l'un des personnages du spectacle!»

Il y a en effet des «personnages» dans Tap Dogs, qui se déroule, rappelons-le, dans un chantier de construction, où six vrais gars en bottes, jeans et chemise à carreaux «communiquent», s'amusent et se défient avec leurs pieds. Avec son assurance doublée de bonne humeur, Travis Knights était fait sur mesure pour le personnage de «2i/c» (abréviation de l'expression « second in command «), c'est-à-dire le contremaître adjoint. En compagnie de ses cinq comparses (dont le danseur Sheldon Perry, frère du chorégraphe de Tap Dogs Dein Perry), Knights entend bien faire aussi forte impression qu'il y a 14 ans: le spectacle avait affiché complet pendant 12 jours à Juste pour rire à Montréal en 1996.

«Le succès du spectacle aux États-Unis et au Canada nous avait vraiment pris par surprise en 1995-1996, explique Sheldon Perry. Le show a beaucoup évolué depuis, et je crois sincèrement qu'il est plus fort: nous avons de nouveaux numéros, notamment un inspiré par le basketball, et un autre avec des lampes de poche, on a aussi ajouté des percussions live, on a actualisé la trame sonore. Et puis, on a une nouvelle distribution, vraiment très solide (il y a une seconde troupe Tap Dogs actuellement à Londres).»

Il y a quelques années, le spectacle avait carrément intégré deux danseuses à la distribution. «Mais c'était vraiment weird, dit Perry, toute la perspective du spectacle avait changé. Les relations n'étaient plus les mêmes, fondées plutôt sur la séduction que sur l'échange, la camaraderie.» Bref, l'expérience a été intéressante, mais a été abandonnée. Et la version «gars seulement», sans entracte, a continué son chemin: à ce jour, 12 millions de spectateurs l'ont vue.

«Le plus grand défi pour moi, conclut Travis Knights, ça n'a pas été la chorégraphie, mais bien de pas «jouer», même s'il y a des personnages. Il faut être vraiment naturel, on doit juste être comme une gang de gars qui travaillent ensemble... Pendant les premières répétitions, Sheldon n'a pas arrêté de me répéter: sois toi-même. Exactement les mots que me répète ma mère depuis que je suis né!»

Tap Dogs au Théâtre Maisonneuve du 13 au 28 juillet.

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Les chiens à claquettes

Tap Dogs est un spectacle du chorégraphe australien Dein Perry, qui a appris la danse à claquette à 4 ans et est devenu champion du genre à l'âge de 10. Il a créé Tap Dogs à Sydney en 1995, sur une musique de Andrew Wilkie et dans un décor «industriel» signé Nigel Triffitt. En constante tournée depuis - quelque 300 villes ont accueilli Tap Dogs à ce jour -, le spectacle a inspiré un documentaire (Bootmen) et valu deux trophées Olivier à Dein Perry, qui enseigne désormais la danse à claquettes dans son école pour enfants Tap Pups. À noter: les bottes «à clous» portées par les danseurs sont des Blundstone, marque fameuse en Australie; elles sont évidemment modifiées pour les besoins du spectacle...