Juste pour rire propose pour la deuxième année son volet Zoofest, dont le but avoué est d'aller chercher un nouveau public, qui veut autre chose que les galas au Saint-Denis ou les Arts de la rue. Rencontre avec son directeur artistique, Martin Durocher, qui voit grand pour sa ménagerie.

Dans l'esprit de Martin Durocher, le Zoofest est avant tout un festival de découvertes, triées sur le volet par son équipe de dépisteurs et lui-même. Ensemble, ils ont vu plus de 1000 spectacles dans des festivals internationaux pour n'en sélectionner qu'une quarantaine, «la crème de la crème», selon lui. «L'an dernier, le Zoofest a bien marché mais il y avait une critique, c'était qu'on trouvait de tout, du meilleur jusqu'au pire. Il n'y avait pas de direction artistique. Alors que cette année, tous les spectacles ont été vus et approuvés.»

Le critère pour plaire aux organisateurs du Zoofest? «Il faut que ce soit complètement novateur, que ça provoque quelque chose de fort. Que ce soit de l'humour, du conte, du théâtre, de la danse, il faut que les gens en ressortent et en parlent à dix de leurs amis. Ces spectacles doivent avoir le pouvoir du bouche-à-oreille, parce qu'on n'a pas d'immenses moyens financiers.» Le bouche-à-oreille étant une sorte d'ancêtre des réseaux sociaux, ce dont le Zoofest ne se prive pas en ayant son blogue, sa page Facebook, son compte Twitter, ainsi qu'une application iPhone - «Juste pour rire n'a même pas d'application iPhone!» lance Durocher.

Parce que le public cible, c'est « le jeune branché, tripeux de culture, entre 18 et 34 ans», soit précisément le public que n'arrive plus à rejoindre le festival Juste pour rire dans sa forme traditionnelle. «Évidemment, on veut ratisser plus large», dit-il, ne voulant pas faire du Zoofest un ghetto pour jeunes, mais pour curieux, pas forcément intéressés uniquement par le stand-up.

Martin Durocher mise sur les talents locaux émergents et les talents internationaux confirmés, qui sont tous présentés dans un circuit de petites salles - du Café Cléopâtre au Studio-Théâtre de la Place des Arts - ce qui lui tient particulièrement à coeur. «Nous avons des salles intimes avec des artistes marquants. Voir un bon show avec seulement 75 spectateurs, cela n'a pas le même impact, la connexion est plus forte. Je voudrais que le public puisse dire: J'étais là au Café Cléopâtre ou aux Katacombes quand tel artiste est passé à Montréal..»

De plus, le prix des billets pour les spectacles ne dépasse jamais les 20$. «Je vais être honnête, on ne fait pas nos frais en ce moment, admet Martin Durocher. On a développé un nouveau modèle d'affaires, il y a un partage du risque avec les artistes. On ne peut pas leur donner de cachet, mais on fournit tout, le site web, la salle, les deals sur les flyers, et on se sépare les profits. On est en coproduction avec les artistes, dont le but est de sortir éventuellement du Zoofest.»

Pour les artistes qui ont connu le succès à l'étranger, le Zoofest est une façon de tâter un nouveau public et d'attirer l'attention des producteurs et distributeurs nord-américains qui sont présents pendant le Festival Juste pour rire. «Nous avions peur de leur demander de venir, parce que les revenus sont médiocres, mais on se rend compte que la réponse est bonne. Par exemple, je n'aurais jamais cru que le Cirque des mirages aurait accepté, alors qu'ils ont fait un tabac en France. Et il faut que les jeunes québécois découvrent des stars comme Jim Jefferies ou Bo Burnham, d'autant plus qu'ils sont dans de petites salles de 100 places!»

Le Zoofest finira-t-il par supplanter en popularité Victor, le célèbre petit bonhomme vert? «Je ne sais pas, c'est un pari fou, mais on amène un vent de fraîcheur, il me semble...».

Le Zoofest, du 12 au 25 juillet; programmation au www.zoofest.com.