Thierry Ricourt n'est pas James Bond. Peut-être même pas OSS 117. Ses aventures rocambolesques, présentées sous la forme d'épisodes, dans le cadre du Zoofest, s'annoncent néanmoins haletantes et surtout désopilantes.

Les vrais agents secrets doivent bien sûr opérer dans la plus grande discrétion. Or, certains d'entre eux ne peuvent s'empêcher d'abandonner la sécurité de l'anonymat pour goûter à la célébrité. Thierry Ricourt est de ces héros de l'ombre qui, comme OSS 117 et OO7, ont pris le risque de se montrer à visage découvert. Mieux, l'agent spécial de l'Interpol participera en chair et en os à la reconstitution de ses aventures au Café Cléopâtre.

Thierry Ricourt, l'espion «qui aime avoir le focus», est né dans l'imagination de Marie-Lise Chouinard, jeune auteure fraîchement diplômée de l'Option Théâtre du Collègue Lionel-Groulx. L'idée lui est venue, dit-elle, de l'envie de caricaturer des amis garçons aux physiques particuliers. Son tempérament, visiblement porté à la rigolade n'est sans doute pas non plus étranger à son envie de se moquer des histoires policières.

Les incroyables aventures de Thierry Ricourt prennent la forme d'une série télé transposée sur les planches. «Ce sont des épisodes, carrément, indique leur auteure. C'est comme Les Simpson. Tu peux en écouter un, le premier ou le dernier, dans l'ordre ou le désordre. Tu suis le personnage dans son épisode, c'est tout.»

Chacune des courtes pièces est découpée comme à la télé: générique d'ouverture, scène au bureau de l'Interpol, mission et retour à la base. «On retrouve toujours la même structure et chaque épisode dure une demi-heure, dit Marie-Lise Chouinard. Entre les épisodes, les comédiens descendent dans la salle, le monde boit et mon groupe, Velours de rubis, chante. Le party monte assez vite.»

Cascades en direct

L'idée de parodier les aventures d'un agent secret n'est pas neuve. Deux téléséries québécoises (Les aventures de Jack Carter et Detect Inc.) ont d'ailleurs tenté le coup, avec un succès mitigé, au cours des dernières années. La scène sera-t-elle plus favorable à l'exercice? «Ce n'est pas vraiment une parodie, précise l'auteure. On entre dans la vie des personnages», indique l'auteure, réfutant aussi la possible filiation avec une émission comme Le coeur a ses raisons.

«Ce qui rend le médium théâtral intéressant, c'est que le texte est bon enfin, d'après moi... et si un acteur en lève un autre par-dessus sa tête, il le fait vraiment», ajoute-t-elle.

Les incroyables aventures de Thierry Ricourt jouent en effet la carte du comique très bédéesque. Le jeu n'est pas seulement exagéré, il est carrément clownesque et très porté sur le physique. «On teste les limites du physique au maximum pour être en mesure d'intégrer des cascades au spectacle», dit Marie-Lise Chouinard, qui assure également la mise en scène de ces folles aventures.

Histoire d'appuyer la forme de jeu adoptée, le langage est lui aussi le lieu de toutes les exagérations. L'accent et le langage sont terriblement franchouillards, comme dans une série B doublée en France. «Les personnages sont cons en raison de leur morale, mais le texte est articulé. Il y a une littérature là-dedans qui, avec le glaçage du jeu cartoon, crée un univers nouveau, je pense.»

L'espion et la Môme

Marie-Lise Chouinard venait de mettre la dernière main au sixième épisode des Incroyables aventures de Thierry Ricourt au moment de son entretien avec La Presse. Dans le cadre du Zoofest, sa bande et elles en présenteront deux: Le parfumeur de Paris (qui est le deuxième) et Bordel à Buckingham (le quatrième). Elle entend présenter les autres un peu plus tard cet été au Théâtre de l'Esquisse.

Durant les pauses entre les épisodes, l'auteure et son groupe, Velours et ses rubis, fouleront les planches pour interpréter leurs compositions à la manière du cabaret français. «Des airs à la Piaf, Vian et Brel, mais avec un timbre de voix très Piaf», précise Marie-Lise Chouinard, dont l'accent québécois n'a pourtant rien à voir avec celui de la Môme.

Les aventures rocambolesques seront également agrémentées de musique en direct, mais de moindre envergure. Un claviériste se chargera en effet d'interpréter le thème musical accompagnant les génériques, en plus de ponctuer l'action d'effets sonores. «C'est une expérience théâtrale, croit Marie-Lise Chouinard. Il faut être là pour vivre le party