Five Fingers Death Punch, Killswitch Engage, Disturbed, Volbeat, Nightwish, Mastodon, Fear Factory et les vétérans québécois de Kataklysm: le festival Heavy Montréal qui s'ouvre aujourd'hui pour le week-end au parc Jean-Drapeau mise sur un retour aux sources pour plaire aux adeptes du genre, un public difficile à satisfaire. Survol de cette huitième programmation.

«On a expérimenté le punk rock et ça ne marchait pas vraiment. Cette année, on remet l'accent sur le métal.»

Épuisé par le marathon de festivals qui le tient occupé depuis le début de l'été, le vice-président concerts et événements chez evenko, Nick Farkas, boucle la boucle en force ce week-end avec Heavy Montréal.

Comme le festival - concentré en deux jours cette année - attire moins de groupe et d'adeptes qu'Osheaga, le promoteur a toutefois l'intention de souffler un peu et de profiter de sa programmation.

Programmation qui relève chaque année du tour de force, afin de plaire au public métal, une espèce intransigeante et un brin capricieuse. 

«Les puristes ne veulent rien entendre sauf ce qu'ils jugent pur et les autres veulent des choses un peu plus mainstream», illustre M. Farkas, qui a néanmoins réussi au fil des ans à attirer au festival les plus gros noms du métal, autant les Big Four (Anthrax, Megadeth, Metallica et Slayer) que des groupes comme Slipknot, Alice Cooper, Korn, Iron Maiden et Kiss.

Oui, il semble y avoir une vie après Metallica pour le festival, qui avait attiré sa foule record lors de son passage en 2014.

«Chaque fois qu'ils [Metallica] voudront venir au festival, on va dire oui. En attendant, on ne peut pas plaire à tout le monde et on essaie toujours de ne pas booker les mêmes artistes et d'être à l'écoute des fans», assure M. Farkas, condamné à essayer de plaire au plus grand nombre possible. «L'expression "Damn if you do, damn if you don't" résume bien la situation», ajoute-t-il.

Evenko s'estime néanmoins très satisfait de sa cuvée 2016, un bon mariage entre des groupes populaires et underground. «Les têtes d'affiche (Five Finger Death Punch, Disturbed) sont parmi les plus grands artistes de la nouvelle génération métal, avec Slipknot et Avenged Sevenfold.»

Relève

«La relève a été plus longue à installer, mais l'engouement revient. On l'observe tout au long de l'année dans les plus petites salles», explique Farkas, qui est d'avis que les fans doivent faire leur deuil des groupes fédérateurs comme Metallica, capables de rassembler des milliers de personnes au pied de la scène.

On peut néanmoins parier que les power ballades de la troupe d'Ivan Moody (Fives Finger Death Punch) ou les tubes tels que Down with the Sickness de Disturbed justifieront à eux seuls le déplacement de nombreux fans. Même chose pour Killswitch Engage, dont les envolées lyriques à la The End of Heartache demeurent des valeurs sûres.

Et bien sûr, les habitués et respectés membres de Mastodon, qui remettent ça après avoir dû annuler leur présence au festival l'an dernier.

Les spectateurs risquent aussi d'apprécier le groupe danois Volbeat, composé de bêtes de scène avec un aplomb et des intonations rappelant Metallica. Dans un autre registre, les membres finlandais de Nightwish proposent du métal plus symphonique. Leur version de Phantom of the Opera est d'ailleurs plutôt cool.

Parlant de groupes européens, evenko ne cache pas que les nombreux festivals de métal qui se déroulent simultanément de l'autre côté de l'Atlantique leur compliquent un peu la tâche. 

«Ç'a toujours été difficile, mais je pense que le métal remonte en Amérique du Nord en ce moment», estime Nick Farkas.

Son rêve pour le Heavy Montréal? Réussir à attirer le vieux Ozzy et Rammstein.

En gentleman, Nick Farkas a refusé de se réjouir de la sortie publique d'un membre de l'équipe de Twisted Sister, qui a descendu en flammes l'organisation du Rockfest où le groupe s'est produit au début de l'été, en plus d'encourager les fans de métal à opter pour Heavy Montréal. «Je n'ai jamais pensé qu'il y a une compétition entre nous et Montebello. Ce sont deux événements complètement différents, à environ deux mois d'intervalle.»

Le cercle vicieux

À l'instar de Nick Farkas, Christine Fortier, l'animatrice de l'émission Le Grimoire du métal diffusée à CISM (mercredi à 21h), croit aussi qu'Heavy Montréal est un peu coincé dans une sorte de cercle vicieux. «Il n'y a pas tant de grands noms dans le métal abrasif, pas beaucoup d'Iron Maiden, de Metallica et d'autres groupes capables de remplir l'équivalent du Centre Bell. Et quand ils deviennent trop populaires en métal, on ne les aime plus. D'une façon ou d'une autre, c'est jamais un win/win», explique Fortier, qui se tient en général loin des têtes d'affiche plus commerciales dans ce type d'événements. «C'est une question de goût. Je suis de ceux qui vont voir des groupes plus heavy plus tôt dans la journée et repartent avant la cohue dans le métro.»

L'animatrice salue la disparition des groupes punks de la programmation. «On a recentré le festival sur un métal plus symphonique, mélodique. Il y a de belles découvertes à faire», résume-t-elle, ajoutant qu'au-delà de la musique, il y a l'importance de se retrouver entre fans. «On aime aussi être avec notre gang. Pas juste notre gang d'amis, mais notre gang métal, qui est comme une grosse famille.»

PHOTO ULYSSE LEMERISE, archives la presse

La foule s'en donne à cœur joie lors du spectacle de Korn à Heavy Montréal en 2015.