Il y a très peu de danse dans Hyperterrestres. La nouvelle création des chorégraphes et interprètes Benoît Lachambre et Fabrice Ramalingom constitue davantage un travail sensoriel, une performance visuelle et sonore, qu'une pièce basée sur le mouvement.

Durant les dix premières minutes, on distingue deux corps qui s'enroulent dans une immense toile semi-transparente, telles des chrysalides à leur stade de transformation. Puis la toile pivote, pour nous laisser voir les deux interprètes immobiles. Ils posent élégamment sur des divans de cuir noir. 

Ils seront longtemps dans cette position, avant de réagir aux bruits ambiants et de s'engager dans des «actions sonores». Leurs mouvements sont lents et minimalistes. L'ambiance sonore, exécutée en direct par le compositeur et performeur Hahn Rowe, est tout aussi étrange et répétitive. 

On s'imprègne comme on peut, dans l'attente d'un début d'action. Benoît Lachambre déroule avec application un long fil de micro pour enrouler son complice. Puis le danseur va enrouler le même fil durant une éternité. 

Mi-humains, mi-animaux, les interprètes réapparaissent au tableau suivant dans une étreinte bizarroïde, comme s'ils désiraient se souder l'un à l'autre. Tout de gris vêtus, avec des moufles et des bottes de cosmonautes, ils vont se mettre à gesticuler frénétiquement tandis que la musique électro fait vibrer l'enceinte. 

Ne pas rationaliser?

Alors, on se dit qu'après 45 minutes de représentation, un peu de danse n'est pas un luxe. Or, les revoilà assis sur le divan, face à face, à dialoguer dans une langue inventée étrange. Leur drôle de conversation sera interrompue par Lachambre. Il demande une pause et fait allumer les lumières de la salle afin de s'adresser au public. «Nous ne sommes pas la réalité. Vous êtes la fiction. Notre travail, c'est des réalités multiples. Il faut se laisser aller et ne pas rationaliser, afin de bien recevoir l'énergie.» On résume.

Après ce laïus, ce n'est pas le public, mais les deux interprètes qui redoublent d'énergie. Dans une scène, fort réussie, ils représentent une descente en montagnes russes. Pour finir, après avoir enlevé leurs costumes, ils entrent dans une espèce de transe au son d'une musique électro. La lumière jaillit sur la toile immaculée pour exposer leur blanche nudité. On dirait les premiers hommes découvrant une nouvelle planète. 

Eurêka, on a compris! Les créateurs d'Hyperterrestres vivent dans une autre galaxie... Rideau. 

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Hyperterrestres. De et avec Benoît Lachambre et Fabrice Ramalingom. À l'Usine C, jusqu'au 30 mai, dans le cadre du Festival TransAmériques.