Après 17 jours de création en danse et en théâtre, le rideau est tombé samedi soir sur la 8e présentation du Festival TransAmériques. Parmi les 25 spectacles présentés en salle, 15 ont affiché complet. L'équipe du FTA s'est réjouie du taux d'assistance en salle qui a atteint 95% - un record.

En revenant le week-end dernier sur cet événement «riche et stimulant», porté par des oeuvres intenses qui ont abordé autant l'intime que le social ou le politique, la directrice du FTA, Marie-Hélène Falcon, en a profité pour faire aussi son bilan personnel. En effet, après 30 ans à la barre du festival (anciennement le Festival de théâtre des Amériques), elle laissera sa place, le 17 juin, à Martin Faucher qui assumera la direction artistique (en tandem avec le directeur administratif David Lavoie, Faucher sera aussi codirecteur général du FTA).

«Sage-femme» du théâtre

En rendant hommage à Falcon, le 31 mai dernier, Robert Lepage l'a qualifiée de «sage-femme de la création québécoise pour la scène, celle par qui la nouveauté arrivait au monde». En 1985, le FTA (qu'elle a cofondé avec Jacques Vézina) se voulait comme «un appel d'air» pour amener la création étrangère en sol québécois. Les Ariane Mnouchkine, Pina Bausch, Jan Fabre, Kantor, Brook et Castellucci sont tour à tour venus au FTA avec leurs créations. Parallèlement, les créateurs d'ici (les Lepage, Marleau, Mouawad) se sont fait connaître à l'étranger grâce, entre autres, au travail de Falcon.

Lors du bilan de cette édition avec les critiques, un journaliste s'inquiétait de voir disparaître la «théâtralité» de la programmation, au profit de la danse ou de créations interdisciplinaires. «Ca fait partie de l'évolution du théâtre de s'ouvrir aux autres disciplines, de brouiller les codes, lui a répondu Falcon. Déjà, dans les années 80, le renouveau et l'espoir du théâtre au Québec sont beaucoup passés par la nouvelle danse, avec Édouard Lock, Ginette Laurin, Marie Chouinard, etc.). La danse contemporaine a été une donnée importante pour l'évolution du théâtre.»

«Le FTA a toujours été en perpétuelle transformation. Nos spectateurs n'ont pas froid aux yeux», dit Falcon en paraphrasant une directrice de festival européen.

Si le FTA est en pleine forme artistiquement et fait partie de «l'écologie des arts à Montréal», son aspect financier demeure fragile. «Les subventions sont gelées depuis des années, mais les dépenses augmentent, explique la directrice à La Presse. On ne trouve pas de partenaire majeur parmi les commanditaires de prestige, car ceux-ci cherchent une visibilité qu'un festival de création contemporaine ne peut pas leur offrir. La précarité financière menace la croissance et le développement du festival.»

Son successeur devra continuer, avec l'équipe FTA, de déployer des trésors d'imagination pour soutenir et célébrer la création contemporaine.

2014 en chiffres

> 82 représentations de 25 spectacles en provenance de 14 pays (Allemagne, Belgique, Brésil, Canada, Chine, Corée, Croatie, Espagne, États-Unis, France, Liban, Portugal, Rwanda, Suisse)

> 31 000 festivaliers

> 2450 nuitées générées directement par les activités du Festival

> 263 artistes en provenance de 26 pays

> 118 professionnels des arts de la scène en provenance de 22 pays (Allemagne, Angleterre, Argentine, Australie, Belgique, Burkina Faso, Canada, Chine, Espagne, États-Unis, Finlande, France, Iran, Islande, Italie, Japon, Pays-Bas, Pologne, Portugal, Singapour, Slovénie, Suède)

Source : FTA