Après avoir présenté deux années consécutives à guichets fermés Je suis un autre à La Chapelle, la chorégraphe Catherine Gaudet sera de retour sur la scène du théâtre de la rue Saint-Dominique avec Au sein des plus raides vertus, dans le cadre du Festival TransAmériques. 

Merci Satan

Pour sa nouvelle pièce, Catherine Gaudet s'est entourée de deux des danseurs de sa création précédente, Dany Desjardins et Caroline Gravel, mais a également fait appel à Annik Hamel et Francis Ducharme. Le défi pour ces quatre hommes et femmes? Goûter l'extase dans les feux de l'enfer. Plongeant au coeur des paradoxes de l'être humain, la chorégraphe a notamment été inspirée par la chanson de Léo Ferré, Thank You Satan, lors de la genèse de son processus de création.

«Je devais choisir le titre pour la programmation de La Chapelle. J'écoutais beaucoup de Léo Ferré durant cette période, surtout Thank You Satan. C'est une sorte d'hommage aux pulsions amorales en nous qui créent de la beauté. Le titre de la pièce est tiré des paroles: "Pour le péché que tu fais naître au sein des plus raides vertus, Thank You Satan"», explique Catherine Gaudet, qui a vécu au même moment la disparition de son grand-père.

«Nous n'étions pas particulièrement proches, mais je suis allée le voir peu avant sa mort. C'était un homme des années 50, très dans la morale, dans le paraître, la convention, qui vivait pour le regard des autres et très peu dans l'émotion. Mais à la fin de sa vie, il s'est transformé: tout à coup, c'était comme si son coeur s'était ouvert. Je me suis dit que c'était drôle de vivre toute son existence dans une supposée vertu et d'en attendre la fin pour se sentir vraiment en lien avec ses proches», raconte la créatrice.

Anges et démons

Peu de temps après ce deuil et tout juste avant d'entrer en studio, la chorégraphe a fait un voyage à Rome au cours duquel elle a été happée par la beauté liturgique, malgré sa réticence face au religieux. «J'étais habitée par tout ça!», lance-t-elle.

Dans Au sein des plus raides vertus, Catherine Gaudet fait ainsi cohabiter sur scène anges et démons, exposant la complexité psychique en tendant aux spectateurs le miroir des contradictions de l'être humain.Texte, vocalises et chant accompagneront les mouvements partant principalement du tronc des quatre interprètes.

«C'est le centre, le coeur. Là où la complexité de la conscience se révèle à travers la manière dont on se porte, dont on respire», précise la chorégraphe pour qui la voix est directement liée au souffle et ainsi à l'idée de pulsion et d'inconscient. «Tout est perceptible dans une voix», dit-elle.

Une performance d'environ 75 minutes dont la musique sera signée par son complice Jacques Poulin Denis à qui elle avait déjà confié cette tâche lors de sa dernière création.

Catherine Gaudet collaborera notamment à l'automne avec l'artiste multimédia Nans Bortuzzo au théâtre La Chapelle. «Je pense aussi travailler avec La 2e porte à gauche pour reprendre Roméo et Juliette et en faire une pièce longue. C'est dans l'air...», conclut-elle.

Chorégraphe, Au sein des plus raides vertus, à La Chapelle, du 27 au 31 mai.