Vingt-quatre heures après avoir reçu le Grand Prix du Conseil des arts de Montréal, Marie-Hélène Falcon a de nouveau recontré les médias aujourd'hui, mais dans le but cette fois de dévoiler les 22 pièces et performances de son 7e festival de danse et de théâtre qui aura lieu ce printemps, du 22 mai au 8 juin prochain.

La directrice artistique et générale du festival nous avait déjà annoncé le mois dernier la visite du metteur en scène allemand Thomas Ostermeier. Le directeur artistique du célèbre Théâtre Schaubühne de Berlin ouvrira le festival avec Un ennemi du peuple, un texte écrit par le Norvégien Henrik Ibsen en 1882. La pièce, qui a triomphé au Festival d'Avignon l'an dernier, s'annonce déjà comme l'une des pièces maîtresses de ce programme.

«Cette année, plusieurs créateurs questionnent notre système économique et ses dérives actuelles, indique Marie-Hélène Falcon. On vit dans une société de plus en plus dominée par l'argent», précise-t-elle en évoquant Un ennemi du peuple. Dans la pièce d'Ibsen, deux frères se trouvent mêlés à un conflit dans une affaire de contamination d'eau qui frappe une petite municipalité. L'un d'eux veut étouffer l'affaire. L'autre, la diffuser. «Où est la justice? Où est la vérité?» questionne Mme Falcon.

Autres exemples? La pièce What We Are Saying, de la chorégraphe torontoise Ame Henderson, qui s'est inspirée du mouvement Occupy. Mais aussi Nella Tempesta, nouvelle création de la compagnie italienne Motus, inspirée de La tempête, de Shakespeare, «et des mouvements sociaux actuels». Motus avait présenté l'an dernier deux pièces marquantes: Alexis, una tragedia greca et Too Late! (Antigone), tissant des liens d'amitié avec le FTA. L'économie a aussi nourri le dramaturge français Joël Pommerat, qui nous présentera sa Grande et fabuleuse histoire du commerce.

Au rayon des curiosités à ne pas manquer, Marie-Hélène Falcon nous fera découvrir la chorégraphe sud-africaine Robyn Orlin, qui sera en terre canadienne pour la première fois pour présenter Beauty Remained for Just a Moment Then Returned Gently to Her Starting Position. Le créateur suédois Markus Öhrn, qui traite de l'amour extrême dans Conte d'amour, inspiré de l'histoire de l'Autrichien Josef Fritzl (qui avait séquestré sa fille). Et le tandem formé de James Long et Marcus Youssef, qui présente Winners and Losers, une «enquête existentielle» sur la nature des vainqueurs.

Des créations québécoises

Parmi les créations québécoises attendues, la pièce Ainsi parlait, d'un tandem improbable formé d'Étienne Lepage (L'enclos de l'éléphant, Rouge gueule) et du chorégraphe Frédérick Gravel; Trieste, le nouveau solo de Marie Brassard, qui avait d'ailleurs présenté il y a deux ans Moi qui me parle à moi-même dans le futur; La jeune fille et la mort, de Laurence Brunelle-Côté et Simon Drouin; et Christian Lapointe, qui présente deux pièces: L'homme Atlantique (et la maladie de la mort), de Marguerite Duras, et Outrage au public, une pièce sans acteur de Peter Handke.

Les amateurs de danse ne sont pas en reste. Outre la pièce So Blue, de l'électrisante Louise Lecavalier, nous y verrons Khaos, nouvelle création de Ginette Laurin, d'O Vertigo, In Museum, de Marie Chouinard et Yellow Towel, de la jeune chorégraphe montréalaise Dana Michel. Parmi les chorégraphes invités à surveiller, mentionnons la visite du Néo-Zélandais Lemi Ponifasio, qui y présentera Birds with Skymirrors, inspirée des désastres écologiques, de Boris Charmatz, qui présentera Levée de conflits, et de Xavier Le Roy, avec son adaptation du Sacre du printemps.

Ah, il ne faudra pas rater l'installation extérieure gratuite de l'Australien Bennett Miller, qui reproduira sur la place des Festivals l'assemblée du Conseil des droits de l'homme de l'ONU et ses 47 membres, représentés pour l'occasion par 47... chiens teckels. Décidément, on ne risque pas de s'ennuyer ce printemps!

Pour la programmation complète: www.fta.qc.ca