Des rappeurs font bouillonner la scène musicale de Bruxelles, mais aussi Angèle, la soeur de Roméo Elvis. L'auteure-compositrice-interprète est sur toutes les lèvres en France, comme l'est Hubert Lenoir ici. Angèle sera d'ailleurs en programme double avec ce dernier ce soir au Club Soda (à guichets fermés).

«Est-ce que c'est soir de spectacle?

- Non, c'est soir de studio», répond Angèle.

«Révélation pop», «la jeune Belge qui fait le buzz»: voilà ce qu'on dit d'Angèle en France. Or, la jeune femme de 22 ans a lancé seulement deux extraits officiels. Son premier album sortira en septembre, et c'est un euphémisme de dire qu'il est attendu.

«Il sortira après l'été. Là, je charbonne!», lance Angèle.

Au Québec, on dirait plutôt que l'auteure-compositrice-interprète est dans le jus. Dans le gros jus, même.

«Je travaille toujours sous pression.»

Nous soulignons à la chanteuse qu'elle travaille en studio avec le réalisateur Tristan Salvati, qui a réalisé le nouvel album de Coeur de pirate, En cas de tempête, ce jardin sera fermé.

«Je compose, j'écris et je produis aussi, donc j'avais besoin de quelqu'un qui transforme mes maquettes en des morceaux écoutables, indique-t-elle. En fait, j'ai eu du mal à trouver quelqu'un, car tous voulaient enlever la prod que j'avais faite, raconte-t-elle. Tristan est assez exceptionnel car il sait tout faire. C'est lui qui a découvert ce que je faisais et il m'a envoyé un mail. Nous coréalisons donc l'album.»

«Mais c'est drôle que vous parliez de Coeur de pirate, signale Angèle. Je me souviens de reprendre au piano Comme des enfants à l'âge de 15 ou 16 ans.»

Les deux chansons qui ont permis à Angèle de faire le buzz s'intitulent Je veux tes yeux et La loi de Murphy. Sa douce pop R&B à texte a un côté espiègle et mystérieux.

À une époque où le format du disque se vendait, on lançait un album avant de tourner. C'est tout le contraire pour les artistes d'aujourd'hui. Angèle a déjà donné des dizaines de spectacles, en solo ou en première partie des Ibeyi et Damso.

«C'est le début pour moi, donc c'est normal de tourner autant. Là, j'ai une dizaine de jours en studio entre deux séries de spectacles. Le live me permet d'attaquer les chansons d'une certaine manière. Je change des tonalités et des bouts de textes.»

«Avec le public, j'ai un retour immédiat, donc je sais ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas. Mais le désavantage est que les chansons évoluent tout le temps. J'ai hâte au moment où ce sera fini!»

Une chose est certaine: l'extrait bilingue d'Angèle intitulé La loi de Murphy - qui a des airs de Lily Allen - sera sur son premier album qui sortira à l'automne.

Famille d'artistes

Ce sera le premier spectacle d'Angèle à Montréal, mais pas son premier voyage. «C'était pendant les FrancoFolies et j'avais 6 ans, se remémore-t-elle. Mon père est chanteur et il y a joué. J'ai un souvenir lointain et je suis hyper excitée de venir à Montréal.»

Le père d'Angèle est le chanteur belge Marka. Son frère est nul autre que le rappeur Roméo Elvis, qui était au MTelus samedi dernier. Sa mère est l'actrice Laurence Bibot.

Jeune, Angèle ne pensait pas se retrouver sous les projecteurs. «C'était tellement le métier de mes parents que je ne m'y voyais pas. Plus tard, j'ai accompagné mon père sur scène comme claviériste et même là, je ne pensais pas prendre le devant de la scène. C'était confortable d'être derrière sans être le personnage principal.»

C'est plutôt en se filmant et en mettant en ligne des reprises de chansons sur Instagram qu'Angèle a dégourdi sa voix à l'âge de 19 ans. «Je crois que la toute première reprise a été Taro d'Alt-J, raconte-t-elle. J'ai pris beaucoup de temps à chanter devant les gens. Je détestais cela par-dessus tout. J'ai joué du piano très longtemps, donc je n'étais pas dans la chanson.»

«Avec Instagram, je pouvais chanter toute seule dans ma chambre avec un grand contrôle et avoir un retour. Je me suis rendu compte que ma voix plaisait aux gens.»

Aujourd'hui, on dit d'Angèle qu'elle a une «voix de velours», «un timbre désinvolte» et «un langage contemporain». «The next big thing, c'est elle», a-t-on lu dans des médias européens.

Le spectacle qu'Angèle a donné à Paris au Trianon en mai dernier - à guichets fermés - fut «incroyable», dit-elle. «J'ai du mal à m'en remettre.»

Elle a même convaincu MC Solaar - dont elle reprend la chanson Victime de la mode - de la rejoindre sur scène. «C'est un personnage difficile à attraper. On se connaît depuis longtemps, car c'est un ami de mon père. Mais je ne savais pas qu'il serait du spectacle avant qu'il ne monte sur scène, car il n'était pas au sound check. Il est arrivé à la dernière minute. J'ai commencé mon morceau et mon régisseur m'a fait un oui de la tête pour me dire qu'il était là.»

Angèle a aussi collaboré avec son frère, le fort populaire rappeur Roméo Elvis. Leur duo J'ai vu figure sur l'album du frérot.

Or, ce dernier ne sera pas sur l'album de sa soeur. «J'ai besoin de me prouver que les gens ne me suivent pas uniquement parce que mon frère est derrière.»

C'est déjà le cas.

Angèle brille de mille feux.

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Au Club Soda ce soir, en programme double avec Hubert Lenoir.