Pour attirer et attiser les foules, Marie-Mai est difficile à battre. Un spectacle gratuit pour le dernier samedi des Francofolies? Voici une valeur sûre pour remplir la place des Festivals et la transformer en volcan d'énergie.

Marie-Mai fait partie des rares artistes du Québec capables de multiplier à ce point les spectacles-événements ou les prestations au Centre Bell. Samedi soir, nous avons croisé des gens qui l'avaient vue sur scène des dizaines de fois. Des gens complètement fous prêts à se jeter aux pieds de Marie-Mai.

Mais peu importe la taille de la scène qu'elle foule, Marie-Mai ne tient rien ni personne pour acquis. Elle se donne entièrement.

Contrairement à Louis-Jean Cormier et Karim Ouellet, Marie-Mai se produisait en grand à l'extérieur avec un concept rétrospectif et de nouvelles chansons. Celles de son album imprévu M, sorti il y a moins de deux mois sous le coup de l'inspiration. Elle a aussi reçu la visite sur scène de France D'Amour, Michel Rivard et Boogat, qui ont tous marqué sa carrière à un titre ou à un autre.

La princesse pop-rock du Québec s'est élancée sur scène sur les accords pop de Conscience. Vêtue d'un mini-short en jeans, Marie-Mai assumait pleinement ses déhanchements sexy. Des milliers de jeunes filles ont ensuite crié les paroles de Qui prendra ma place. Le bonheur qui irradiait de leur visage...

Marie-Mai a souligné la première journée officielle de l'été et elle a grandement soulagé la foule en annonçant qu'on avait retrouvé l'enfant disparu dont on faisait circuler des photos depuis une heure.

«Ce soir, je présente un spectacle assez particulier», a-t-elle annoncé. Un spectacle qui allait souligner ses 10 ans de carrière. Elle est remontée dans le temps jusqu'à son tube Il faut que tu t'en ailles, qu'elle a mixé en medley à No Woman No Cry de Bob Marley et ses succès Encore, Dangereuse Attraction, Indivisible et Jet Lag, chantant en symbiose avec son mari et complice musical Fred St-Gelais.

Quand une artiste fait un medley avec ses tubes, cela en dit long sur sa feuille de route.

Marie-Mai a pigé allégrement dans les succès de ses cinq albums avec un tonus rock qui avait beaucoup d'aplomb, samedi soir. Avant d'accueillir France D'Amour sur scène, elle a souligné que c'est la rouquine qui l'avait convaincue de rocker pendant l'aventure de Star Académie. Avec une force vocale combinée à une fougue entraînante, elles ont revisité Je n'irai pas ailleurs.

Au Québec, on voit rarement autant d'énergie que dans un spectacle de Marie-Mai. De la part de la chanteuse et de ses musiciens, mais aussi de la foule complètement galvanisée par les refrains de C'est moi et COBRA. Comme nous l'avons dit à maintes reprises dans le passé, Marie-Mai a l'étoffe des grandes chanteuses pop-rock américaines.

Si elle donne dans les rassemblements à grand déploiement, elle arrive à changer soudainement de registre pour présenter «un trésor national», Michel Rivard, afin qu'il chante avec elle Je voudrais voir la mer, pièce qui a donné à Marie-Mai le goût d'écrire ses propres chansons. Un duo improbable fort réussi, samedi soir.

Jonas devait avoir une bonne excuse pour ne pas être du rendez-vous pour chanter avec elle Jamais trop tard. «Il ne sait pas ce qu'il manque!», a lancé Marie-Mai.

Après une interprétation sentie de sa chanson Encore une nuit (qui date de 2004), Marie-Mai s'est transformée en rappeuse coquine pour s'amuser avec Boogat au son de leur duo franco-espagnol Ne m'écoute pas.

Marie-Mai a offert une version actualisée de son traditionnel medley en anglais en enchaînant du Beyoncé (Crazy In Love, Single Ladies) à la chanson Counting Stars de One Republic, A Sky Full Of Stars de Coldplay, We Found Love de Rihanna, I Love It d'Icona Pop et une finale avec ACDC. L'hystérie de la foule a fait oublier à tout le monde que nous étions aux FrancoFolies.

En introduction, Marie-Mai avait néanmoins précisé que ce sont des artistes internationaux qui l'inspirent en musique, «mais en français».

Le spectacle s'est terminé dans le délire et les feux d'artifice avec Sans cri ni haine et Emmène-moi.

Marie-Mai aurait pu emmener la foule n'importe où, et elle l'a emmenée parfaitement là où elle voulait aller.

Véritable phénomène, il faut la voir en spectacle pour en mesurer toute l'ampleur.