Quand elle s'est amenée au centre de la scène, impériale comme dans nos plus beaux souvenirs des Rita Mitsouko, le Théâtre Maisonneuve a acclamé Catherine Ringer. Tout dans son allure, de ses cheveux attachés à sa jupe noire sans oublier sa gestuelle théâtrale confirmait que Müller et Makaroff n'auraient pu trouver une meilleure ambassadrice pour leur aventure tango-pop hors du Gotan Project.

Oubliez le concert un peu décevant que la Ringer avait donné au Métropolis sans son Fred il y a quatre ans, hier elle avait trouvé un rôle à la mesure de son immense talent.

Celui de chanteuse, bien évidemment, qui lui a valu une ovation quand elle a poussé la note à la fin de No Hay Perdon que Müller et Makaroff ont écrite sur mesure pour leur flamboyante recrue.

Son talent de comédienne et de danseuse aussi, qui étire la jambe avec l'air de vous faire un clin d'oeil pour rappeler qu'elle n'est pas née à Buenos Aires. On le sait, mais on y croit quand même tellement elle peut se la jouer théâtrale sans tomber dans le mélo.

Elle était arrivée sur scène après une intro qui installait bellement le climat propre à cette musique d'inspiration argentine, son côté dramatique accentué par le bandonéon. Elle s'est éclipsée par la suite quand ses amis ont repris des pièces instrumentales du Gotan Project dont Queremos Paz, chaudement applaudie. Après Triptico, elle nous est revenue dans une robe rouge à brillants qui accentuait le côté drôlement sexy de son personnage, avec la connivence de ses fans.

Sur scène, l'album Plaza Francia devient tout à coup moins homogène, moins proche du tango actualisé mais néanmoins respectueux de la tradition que le disque donne à entendre. Parfois, c'est agaçant comme quand les rythmes un peu cheapos des machines de Müller menacent de saboter l'ambiance créée par le bandonéon, la guitare et la contrebasse de ses comparses. Par contre, on distingue plus facilement les couleurs pop d'une chanson comme Invisible et progressivement la musique s'aventure tout naturellement dans le territoire de la valse musette ou du jazz.

Mais c'est encore Catherine Ringer qui vole le show, parfois sur des musiques qui n'auraient pas juré dans un spectacle des Rita Mitsouko. Et quand elle reprend la Libertango du maître Piazzolla à la façon Grace Jones, le public exulte et se lève d'un trait pour l'applaudir.

Ne manquait plus que le clin d'oeil fabuleux à Marcia Baila au rappel pour que tout le monde reparte du Théâtre Maisonneuve ravi et surtout impatient de revoir l'unique Catherine le plus rapidement possible, quelle que soit sa prochaine audace.