Parterre bondé et sautillant. Centre Bell électrisé. Stromae a offert tout un concert, hier soir, dans le cadre des FrancoFolies devant 11 650 spectateurs envoûtés qui avaient eu droit à une première partie de qualité assurée par Karim Ouellet.

Stromae est apparu sur scène après la projection d'une animation en noir et blanc qui n'était pas sans rappeler le jeu vidéo Limboet son espiègle petit personnage.

À peine le rideau s'est-il levé que le public s'est enflammé, accueillant le chanteur belge chantant Ta fête, extrait de son récent album Racine carrée. Un titre de rigueur pour donner le ton à un spectacle qui s'est révélé un véritable party d'une heure quarante-cinq.

Culotte courte, noeud papillon, veston et chaussettes montantes, Stromae est accompagné de ses brillants musiciens en chapeau melon et enchaîne en interprétant Bâtard. Le chanteur danse et s'amuse sur le rythme électro de Peace or Violence, un de ses premiers succès, et poursuit sur Te Quiero, autre titre de son premier opus, Cheese.

Stromae prend le temps de s'asseoir un instant et s'adresse à son public. « Bienvenue à la leçon 24 de Stromae », lance-t-il aux fans qui suivent depuis ses débuts les « leçons » du chanteur montrant l'envers du décor de ses chansons à succès. Sur scène comme chez lui, il retire ses chaussettes, change de chaussures et met son rouge à lèvres pour entonner le hit de l'heure, Tous les mêmes.

Avec une voix toujours impeccable, sans aucune fausse note, il offre ensuite aux spectateurs son hommage à la défunte diva aux pieds nus, Cesaria Evora, avec Ave Cesaria. Une magnifique chanson aux sonorités de rumba congolaise qui reste un des grands moments de cette soirée au Centre Bell.

Éclectique Stromae

L'éclectisme de Stromae transparaît tout au long de la soirée, livrant autant des titres comme Moules frites que Quand c'est ?, une touchante chanson sur le cancer qu'il interprète sur une scène alors que l'ombre d'un insecte rampe sur l'écran en arrière-scène. Tout en poésie et en subtilité, ce Stromae !

Sautant sur scène pour Je cours, le chanteur arrive en titubant pour Formidable. Un véritable comédien à l'incroyable talent et au charisme rare.

Seule pièce musicale de la soirée, Silence a fait monter la température du Centre Bell avec ses rythmes électro et techno et ses percussions. Une belle entrée en matière pour la dernière ligne droite du concert, qui s'est poursuivi avec Carmen et Humain à l'eau, avant de transformer le Centre Bell en véritable club pour Alors on danse. Le public debout et en folie en redemande, scandant : « Papaoutai ! Papaoutai ! » Stromae s'exécute devant un Centre Bell en folie et conclut sa mémorable performance par une chanson de rigueur dans les circonstances : Merci.

Jouant avec son public, Stromae revient une ultime fois sur scène avec ses musiciens pour chanter a cappella Tous les mêmes. Sympathique et drôle.

Un spectacle sans faux pas

Un premier Centre Bell sans faux pas pour Stromae qui a fait vivre à ses fans un spectacle festif et transgénérationnel à travers une mise en scène au service de l'intelligence de ses textes.

Du drame, de la comédie: le chanteur est également un comédien hors pair qui ne manque jamais de souffle. Le Centre Bell s'est transformé tour à tour en théâtre et boîte de nuit : un spectacle pour les yeux comme pour les oreilles. Tout y est. Alors on aime !

Au lendemain de sa première performance lundi soir à la télévision américaine au Late Night de Seth Meyers sur NBC, Stromae a donné un concert mémorable à Montréal. Le chanteur poursuivra sa tournée à New York vendredi au Best Buy Theater. Il s'agira de sa première expérience en sol américain, avec la tournée de Racine carrée, avant de revenir en septembre pour prendre d'assaut Philadelphie, Chicago, Boston, San Francisco et Los Angeles. Gageons que Stromae n'a pas fini de faire parler de lui de ce côté de l'Atlantique.

À voir ou à revoir ce soir au Centre Bell pour la seconde et dernière fois !