Le communiqué parle des «Francos à tous les temps». Parlons plutôt des Francos des temps nouveaux. La 26e programmation en salle du festival a été dévoilée hier au Café du Monument-National.

Temps nouveaux, parce que le virage jeunesse amorcé il y a plusieurs années par le vice-président à la programmation, Laurent Saulnier, semble complété, si tant est que la rareté des vedettes de la «grande» chanson nées avant la crise d'Octobre puisse confirmer la chose.

Virage stylistique, aussi, qui a vu les classiques céder tranquillement la place au rap, au spoken word et aux autres approches d'allégeance urbaine. Quand les soirées se finissent au Katacombes, on ne parle plus beaucoup de Patrick Bruel...

Si Catherine Ringer et Rachid Taha peuvent désormais compter parmi les vétérans de la scène française, les représentants québécois «d'expérience certifiée» qu'on entendra du 13 au 21 juin se nomment Isabelle Boulay, Diane Tell, Renée Martel et Luc De Larochellière. Et Michel Faubert, qui, en regardant hier tout ce nouveau talent (notamment Alex Nevsky, qui a fait un tour de chant lors du dévoilement de la programmation), constatait le changement de garde. Sans la moindre amertume: «Moi, je ne suis juste plus éligible pour l'Étoile montante Ford...»

Philippe Brach - dont le nom rime avec Bach - a été choisi Étoile montante Ford à la première présentation du concours en 2012 et il pourrait se retrouver en finale des Francouvertes.

À 24 ans, le Saguenéen lancera sous peu son premier CD, finement intitulé La foire et l'ordre. «Avec la plus belle photo de pochette qu'on a vue depuis une mèche!», lance son collègue Patrice Michaud. Brach-la-foire est en première partie des Hay Babies, le 21 juin au Club Soda. «Ça va bien pour moi, mais j'ai déjà appris à ne pas être trop high ni à descendre trop bas quand les affaires sont moins bonnes...»

Les auditions pour l'Étoile montante ont lieu à Montréal les 19 avril et 3 mai, à Québec le 10 mai et à Longueuil le 18 mai. Ingrid St-Pierre, nouvelle porte-parole du concours, pourrait peut-être arranger quelque chose pour Michel Faubert...

Quelques noms des 26es Francos

De la grande visite

D'abord et avant tout: Catherine Ringer (Rita Mitsouko) dans son nouveau projet, Plaza Francia, avec Makaroff et Müller de Gotan (Tango) Project. Pour rester dans l'exotisme, de la grande visite de Sainte-Ursule: Julien Mineau (Malajube) avec sa «symphonie psychédélique» Fontarabie. Le dernier et non le moindre des soucis des Francos: Rachid Taha, avec qui on ne peut être sûr que d'une chose, c'est qu'il peut arriver n'importe quoi.

Hommages

Après les Fioritudes en ouverture pour saluer le premier «microsillon» de Serge Fiori en 28 ans, Isabelle Boulay rend hommage à Serge Reggiani (le 21 juin), 10 ans après sa mort. Carmen Maria Vega, elle, annonce pour les 20 et 21 au Gesù un «concert scénographié» intitulé Fais-moi mal, Johnny!, hommage à Boris Vian qui va nous faire boire systématiquement... Quant à Renée Martel, elle sera, au même Gesù (le 15), La fille de son père. Il s'appelait Marcel...

Choix multiples

Patrice Michaud, l'étoile filante Monte Carlo 1988, se retrouve dans deux programmes multiples. D'abord au Prix de la chanson SOCAN (le 16), où il disputera la bourse de 5000$ - par vote du public - à Klô Pelgag, Philémon Cimon et Louis-Philippe Gingras. Le lendemain, Michaud chantera dans la tournée des Francos - Montréal, La Rochelle, Spa - avec la Maison Tellier (France) et Benjamin Schoos (Belgique). Quant à Luc De Larochellière, il est l'invité de l'École nationale de la chanson (le 13).

Concepts

Pierre Lapointe sera au musée Grévin le 20 juin, pour un seul soir, ç'a l'air, à l'intention de 250 «chanceux» qui le verront frencher avec la statue de cire de Michèle Richard. Les soeurs Boulay (le 20) assument leur sexisme avec la partie masculine seulement de l'ensemble vocal Les Voix ferrées. Toujours au Métropolis, les Français de Fauve reviennent à un troisième festival montréalais en un an: Francos, Montréal en lumière et à nouveau Francos. Si ce n'est pas un concept, ça doit être un record.

Des noms, des mots

Pour se reposer: Brutal Chérie et Parabellum, le 18 juin aux Katacombes; même endroit le 20, parce qu'on a «trop hâte» d'entendre leurs «chansons techno cheapo tendance dada», Salut, c'est cool. Un monosyllabe qui en a long à dire: Zaz (le 17). À la soirée rap Québec Gold, le 18 à L'Astral: Koriass (en formation orchestrale le 13 au Soda), Karma Atchykah, Facekché et, notre préféré, Confus. À écouter sur YouTube: Je suis la montagne de Moodoïd.