On a vu 100 fois ce clip dans lequel Jacques Brel chante Ne me quitte pas, sa bouille extraordinaire baignée de larmes et de sueur. Quand on nous l'a montré pour la 101e fois sur grand écran au Théâtre Maisonneuve, hier soir, nous étions encore quelques-uns à avoir la gorge serrée et la larme à l'oeil.

Un par un, les 10 chanteurs de cet Hommage à Brel et le pianiste Benoît Sarrasin sont revenus sur scène se planter en demi-cercle devant l'écran.

Ils ont sans doute éprouvé les mêmes émotions. Et ils ont dû se dire qu'en rendant hommage à Brel, ils venaient d'escalader l'Everest de la chanson. S'ils n'en avaient pas atteint le sommet, ils avaient tous servi le maître au meilleur de leurs talents, si différents les uns des autres.

Ceux qui avaient vu ce magnifique spectacle à Montréal en lumière en 2012 devaient être ravis de renouer avec le naturel de Pierre Flynn et de Paul Piché, le témoignage senti de l'amie Danielle Oderra et son interprétation vibrante qui lui a valu une ovation, la digne sobriété de Luc de Larochellière, également metteur en scène du spectacle, la performance sportive de Bruno Pelletier mordant dans Amsterdam, la hardiesse de Marie-Élaine Thibert qui s'aventure sur les Remparts de Varsovie, le sourire de bonheur de Diane Tell chantant Voir un ami pleurer et la puissance et le talent comique d'un Marc Hervieux formé à l'opéra.

En prime, ils ont pu applaudir la folle énergie de Marie-Jo Thério et compatir avec elle lorsqu'un problème technique l'a forcée à conclure Le prochain amour sans micro, ainsi que le métier et la retenue d'Isabelle Boulay jusque dans l'immense Ne me quitte pas. Ils étaient tous nettement inspirés.