Féfé n'est pas de ceux qui dénoncent le mélange des genres. Au moment où il lance son deuxième album solo, l'ex-Saïan Supa Crew se réjouit plus que jamais d'être un touche-à-tout musical.

Quand il travaillait à son premier album solo, Féfé se posait énormément de questions. Il ne se considérait pas comme un chanteur - «encore aujourd'hui, j'ai du mal», dit-il, candide - mais il a découvert tout à coup qu'il pouvait faire tout ce qu'il voulait. Tant et si bien qu'au moment de produire son deuxième opus, le tout récent Le charme des premiers jours, ses doutes se sont volatilisés et il s'est même mis à jouer plus d'instruments.

«C'est moi qui ai cherché des sons de guitares électriques, j'ai tout fait quasiment, nous a-t-il dit au lendemain de son concert énergique sous le chapiteau du Printemps de Bourges, en avril. J'ai toujours voulu faire un mélange des genres. D'ailleurs, je suis venu au hip-hop parce qu'on pouvait prendre un vinyle de classique comme un vinyle de reggae, un vinyle de jazz, de rock ou de funk, le «sampler» et en faire sa musique. C'est ce que j'essaie de faire, sauf que maintenant j'ai carrément les instruments qu'il faut.»

À Bourges, Féfé venait tout juste de croiser le collectif montréalais Nomadic Massive qui mêle lui aussi les genres musicaux, chante dans plusieurs langues et cite justement Saïan Supa Crew comme modèle.

«C'est marrant, laisse échapper dans un sourire le rapper et chanteur français. J'étais l'un des compositeurs principaux de Saïan et je n'avais aucune limite dans ce que je «samplais», aussi bien de la bossa que la grosse variété française des années 60. Je n'ai pas de limite dans ma musique parce qu'il n'y a pas de limite dans la musique, tout simplement. Pourquoi s'en mettre?»

Les vinyles de papa

Parmi les artistes qui l'ont marqué, Féfé mentionne Bob Dylan, Jay-Z, Gainsbourg, Otis Redding, Marvin Gaye, Bob Marley et Björk. Mais il tient d'abord sa philosophie musicale de son père.

«C'était un grand mélomane, il faut savoir ça pour comprendre un peu Féfé, dit-il. Il achetait plein de vinyles et il écoutait autant de la funk que de la variété française ou de l'afrobeat. Quand j'étais petit, c'était normal pour moi de connaître autant de styles; je ne voyais pas de barrières entre ces musiques, que des liens. Donc quand je suis arrivé au rap, pour moi c'était une musique de plus. J'ai jamais compris les gens qui disaient «ah mais le rap, c'est pas de la musique». J'aime des rappers hyper hardcore mais aussi des mecs plus cool, j'aime juste quand ils sont eux-mêmes, quand je ressens une aspérité. Si ça me prend aux tripes, ça me prend et basta! je ne cherche pas plus loin.»

Le charme des premiers jours a été enregistré à Paris, à Bruxelles et à San Francisco. «San Francisco, parce que j'ai travaillé avec Dan the Automator qui a produit les premiers Gorillaz, explique-t-il. C'est quelqu'un que j'apprécie beaucoup, et j'aime la ville de San Francisco. Quand je crée et que je suis en train de produire vraiment et de choisir les sons, il faut que je sois loin de tout. Et à San Francisco, j'ai l'impression d'être loin de tout.»

Dans la version québécoise du Charme des premiers jours, Féfé fait un duo avec Karim Ouellet qu'il a découvert dans une petite salle parisienne l'année dernière. Dans ce remix de sa chanson Parodie, c'est d'abord l'invité québécois qui chante puis les deux voix s'unissent et Féfé prend le relais. «J'ai beaucoup apprécié son concert, j'ai parlé de lui à quelqu'un qui le connaissait et qui m'a dit «y a pas de souci, il t'apprécie aussi», raconte le Français. Ce qui m'intéresse, c'est de faire des choses avec des gens que j'aime.»

Il ne faudrait pas s'étonner que les deux complices fassent ce duo quand Féfé va monter sur la scène du Club Soda avant Karim Ouellet dimanche.

Féfé sur la scène La Presse+, samedi 20 h, et Club Soda, dimanche, 19 h