D'un sympathique phénomène exotique en 2008, année de Cliché hot, Radio Radio est devenu un incontournable de la pop culture en Amérique francophone. Avec trois albums derrière la cravate, la petite machine à chiac rap-pop-électro-dub-soul-funk-world-etc. est devenue un redoutable vaisseau d'Acadie, avec Montréal pour port d'attache. Avec le Métropolis pour escale francofolle, un jeudi soir de juin.

Les trois lascars (Jacques Doucet, Arthur Comeau, Gabriel Malenfant) ont ouvert les hostilités avec Roulez, commencez, on voyait déjà un drapeau acadien brandi sur le plancher de danse. Étaient présents les fans de la diaspora (du Nouveau Brunswick et de Nouvelle-Écosse) et peut-être ceux venus de l'Est, il va sans dire. Renforts remarqués pour un public montréalais prêt à s'éclater. Pas à peu près!

Et puis Galope, suivi de Gong Hotel et son riff qui fait office de vers d'oreille. Nous étions prêts à être téléportés à Saint-Pétersbourg, avec images de façades projetées derrière les mecs et leur band. La ponctuation de la trompette (Josiane Rouette), des claviers (Samito Samito) et de la batterie (Steve Caron) donnait le ton à ce flow assez costaud merci.

Tant qu'à nous mener ailleurs, Radio Radio nous a rendus parfaitement réceptifs aux chansons 9 Piece Luggage Set et Voyage. S'ensuivit On a vécu Des, de tempo lourd et lent. On a vu apparaître des arbres et des motifs psychédéliques sur écran géant, pendant que la musique exhalait une inspiration black et un ornement choral interprété en voix de fausset, façon doo wop.

«Y a-tu du monde icitte qui aime des drums? Des tôm tôms

Et Radio Radio d'entonner Tôm Tôm et faire en sorte que le feu soit pris sans contredit, projection lasers à l'appui. On ralentit le tempo, la foule est lubrifiée de sueur pendant qu'une chanson slow soul parle d'amour et suggère le frotti-frotta. On devine alors ce qui se passe dans la Chambralit.

Cet intermède de sensualité permettra au super trio de réactiver le lance-flammes: Enfant spécial fera sauter le plafond. «Moi chus un singe, chus un roi, chus un coureur de bois, chus un capitaine de bateau, chus Jésus sur la croix...» Enfant spécial, mets-en.

Et c'est Yellé, avec introduction aux voix trafiquée, et... «On va faire ceci: y faut qu'tu lèves tes mains». Et la consigne de Lève tes mains est adoptée d'emblée par les fans en liesse, avec fumées de glace sèche et choeurs à la Bee Gees.

Guess What s'enchaîne avec Sunrise/All Inclusive War Tour «Hello good morning is anybody awake?» avec excellent flow ragga sur le pont. Et voilà une bonne baffe au grand spécialiste du saxophone sirop: Kenny G Non-Stop. Comme le suggère le titre, aucune baisse de tension n'était envisageable.

D'inspiration disco, Sur la galavante maintient le mercure au bout du thermomètre, idem pour l'aquatique et coquine Jacuzzi, avec un torrent de bulles sur écran géant. Une couche de chaleur... «et j'vas marcher sur la hey/Où j'vas marcher sur la hoo», suggère Dekshoo.

On atteint une cime encore plus élevée avec Comment ça va? et on se fait deux séries de rappels, amorcées par le thème des Cités d'or (dessin animé archiconnu de tous les enfants de moins de 30 ans): entre autres titres au programme, Cliché hot, Ej'savais pas mieux, Tout passe (sous le firmament), Cargué dans ma chaise.

À la toute fin, le groupe a invité ses fans à danser sur scène, la fête aurait pu durer encore longtemps. Avant la conclusion définitive, le rouge était omniprésent on a pu lire sur l'écran: Ensemble pour le bien commun. Après le party, il y a toujours lieu d'attiser les consciences...

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