Il faisait gris à mourir pour un spectacle en plein air qui devait être une belle fête ensoleillée et estivale à l'image de la musique du groupe.

Produire un événement à l'extérieur est toujours un couteau à double tranchant, promettant le meilleur comme risquant le pire. Mais quand une flotte de pluie cesse juste avant un spectacle, c'est encore plus magique que le beau temps.

Surtout quand Foster the People balance un show qui va au-delà de toutes nos attentes. Par où commencer? Tout d'abord par ce lieu extérieur magnifique au bord de l'eau où brille le centre-ville illuminé en arrière-plan, l'Esplanade du centenaire du canal de Lachine, dont l'ambiance est intimiste pour sa capacité de 5000 à 10 000 personnes.

Le décor du spectacle de Foster the People était aussi impressionnant avec une immense toile représentant une pyramide urbaine et une sorte de soleil/capteur de rêves perché dans les airs pour servir d'écran géant.

Le chanteur Mark Foster -pour ne pas dire le chef d'orchestre-, le batteur Mark Pontius et le multi-instrumentiste Cubbie Fink étaient accompagnés d'un percussionniste et d'un bassiste/guitariste.

Dès la première pièce, Miss You, l'électro-rock-pop léger et ensoleillé de Foster the People n'avait rien à voir avec le disque. Le son était profond, riche, percussif et rock, en restant tout aussi accrocheur. Et que dire de Mark Foster, dont il faut louer le talent de songwriting. Sur scène, il passe de tous les instruments aux autres en dansant. Il est à la fois un musicien de grand talent et un entertainer inspiré, honnête et charmant.

Foster the People a suivi avec Life On The Nickel et Helena Beat, deux tubes de son premier et unique album Torches, sorti il y a un an. Un disque qui nous semblait correct -mais sans plus- à sa sortie (de par ses ressemblances avec MGMT et Empire of the Sun), mais qui, au final, a joué des centaines de fois pour le bonheur renouvelé de nos oreilles.

Composé uniquement de hits potentiels, Torches s'écoute de A à Z. C'est de l'électro-indie-rock qui donne dans la pop. Une pop intelligente, dont la créativité est encore plus manifeste live.

La musique de Foster the People a séduit les radios commerciales, expliquant la belle foule variée et jeune de plus 5000 personnes présente mardi soir dans le quartier St-Henri.

Mark Foster a expliqué à la foule que son groupe avait donné près de 280 spectacles depuis les derniers 14 mois (!) et qu'il sera en studio à l'automne.

Malgré autant de représentations, Foster et ses acolytes n'étaient pas sur le pilote automatique et même en grande forme. Le public a eu droit à des jams de percussions, à la visite de la chanteuse Kimbra et du groupe Tokyo Police Club (qui assuraient les premières parties) pour une version des plus festives de Warrior.

Le spectacle s'est poursuivi jusqu'au rappel, où Mark Foster a d'abord chanté seul au piano avec la confiance d'un Elton John ou d'un Freddie Mercury. Ce gars-là est impressionnant et il fera sa marque, que ce soit sous son nom ou pour d'autres musiciens. Il peut donner dans le rock, le soul, la pop, ou dans le funk, avec un grand sens du spectacle et des idées plein la tête. Véritable révélation, il était le Dieu de la pluie de notre mardi gris.

Foster the People a terminé avec son tube grâce auquel tout a commencé, Pumped Up Kicks, mis en ligne sans trop d'espoir il y a trois ans.

En attendant le deuxième album du groupe, on réécoutera Torches. C'était le disque de notre été 2011, et peut-être celui de l'été 2012.