Le ukulélé de Québec Love : C'est avec ce ukulélé, un Harmony, que lui a donné Mouffe en cadeau à la fin des années 60 que Charlebois joue encore Québec Love. «Avec Harel et Dolorès, on a fait le tour de Cape Cod dans une grosse décapotable et j'ai composé Québec Love pendant ce voyage-là. On n'avait pas traîné de guitare, juste le ukulélé.»

La guitare en inox du Festival Express : «Elle est épeurante, celle-là, non?», lance Charlebois en riant. C'est à l'usine d'équipements de cuisine de son oncle Bernard que le frisé s'est fait faire en inox cette guitare ainsi que le violon de Philippe Gagnon et l'alto de Dominique Tremblay. «C'était bien beau, mais le drame, c'est que ça sonnait le cul», dit-il en pouffant de rire. Cette guitare l'a accompagné en 1970 lors du voyage en train du Festival Express avec Janis Joplin, The Grateful Dead et The Band. «Elle n'a pas beaucoup servi. Un jour que la courroie avait cassé, parce que la guitare était trop lourde, je l'ai donnée à Claude Gauthier.»

Le costume «Nordiques» : Charlebois a porté sur scène ce costume en cuir pas tout à fait comme les autres au début des années 80. Il l'a fait faire par Nino Cerruti, un styliste pour qui il a autant d'estime que pour Armani. «C'était pour un show à Québec et je lui ai demandé de s'inspirer du chandail des Nordiques que je lui avais apporté. Je voulais une combinaison en cuir. Il était tellement spectaculaire que je ne l'ai pas beaucoup porté.»

Avec Zappa en studio : Zappa aimait l'album Lindberg et il a fait savoir à un ami commun, Michel Choquette, qu'il aimerait rencontrer Charlebois. «Ce qu'il préférait de moi, c'était la chanson Deux femmes en or: il tripait sur l'arrangement d'Art Phillips.» Les deux hommes se sont vus une quinzaine de fois. Charlebois était présent quand Zappa a enregistré Pedro's Dowry avec le jeune Kent Nagano. Et le lendemain d'une fête chez Charlebois dans le Vieux-Montréal, Zappa a réalisé, arrangé et joué de la guitare sur Petroleum de l'album Swing Charlebois swing. Il est reparti de Montréal avec un cadeau de Charlebois: ses chaussures à claquettes.

Mon ami Fidel : Charlebois avait décidé d'aller tourner à Cuba le clip pour sa chanson Mon ami Fidel. Il raconte: «Tous les journalistes voulaient le rencontrer depuis des mois et moi, j'étais là depuis deux jours quand j'ai reçu un appel du lider maximo. Je pense que c'est monsieur Trudeau qui lui avait parlé d'un chanteur canadien qui avait écrit une belle chanson sur lui.» Charlebois et sa femme Laurence ont donc été reçus par Castro: «J'étais allé là-bas pour faire un clip, mais je ne pensais pas qu'il me prêterait la place de la Révolution!»

Les trophoux de Réjean Ducharme : Charlebois possède quelques trophoux de Roch Plante, pseudonyme de l'énigmatique romancier Réjean Ducharme, son ami et parolier occasionnel. Ces oeuvres, Ducharme les a créées à partir de résidus d'objets brisés récupérés dans les rues de Montréal. «Je l'ai connu un an ou deux après la parution de L'avalée des avalés; il a commencé par m'écrire sur des bouts de papier de toilette collés ensemble. La dernière fois que je l'ai vu, il m'a dit: «Je ne communique plus avec personne». Je rêve toujours qu'il envoie un petit paquet chez Gallimard ou qu'on fasse un jour une dernière chanson ensemble.»

Cowboy pour Sergio Leone : Charlebois, que l'on voit avec Miou-Miou et Terence Hill sur cette pochette française de la bande originale du film Un génie, deux associés, une cloche, a fait connaissance avec Sergio Leone au Festival de Cannes. Le cinéaste italien l'a vu chanter et faire des blagues lors d'une fête au Carlton après la projection de La vraie nature de Bernadette de Gilles Carle. Le lendemain, il lui proposait un rôle dans un film dans la veine d'Orange mécanique. Charlebois a refusé en ajoutant qu'il rêvait de jouer dans un western depuis sa tendre enfance. Quelques années plus tard, Leone l'invitait à une audition en Italie.

Garou Nouvelle Vague : En 1968, Charlebois, surnommé Garou, jouait aux côtés de sa compagne Mouffe dans le film Jusqu'au coeur de Jean Pierre Lefebvre. «Je subissais une trépanation de cerveau là-dedans, c'était fou comme de la marde, avec un mélange de couleur et de noir et blanc. C'était pas mal improvisé, très Nouvelle Vague à la Godard.» En plus de la chanson thème Coeur en chômage, écrite avec Mouffe et Lefebvre, il y avait dans ce film La ballade des enfants avortés, reprise il y a quelques années par Clara Furey dans un spectacle de Loui Mauffette, signale Charlebois.

La boîte à fleurs : Au retour du Festival Express, en 1970, Charlebois apprend qu'il a perdu sa Citroën DS dans la faillite de son producteur Guy Latraverse. «Peu après, je suis tombé sur une photo de la dernière oeuvre d'André Citroën avant sa mort, la SM. Je ne suis pas un car freak, mais j'ai vraiment eu un coup de foudre. J'en ai trouvé une rue Sainte-Catherine et je l'ai achetée, mais celle-là, je l'ai mise à mon nom. Elle a beaucoup roulé, mais je ne m'en sers à peu près plus. C'est plus une boîte à fleurs qu'une auto.»

Une guitare pour Nirvana : Charlebois a fait l'acquisition de cette guitare Harmony Buck Owens bleu-blanc-rouge dans les années 70. Puis, il l'a donnée à son frère qui, des années plus tard, l'a laissée dans le studio d'une amie sur la côte ouest américaine. Il ne l'a jamais revue jusqu'à ce qu'elle refasse surface dans les mains du deuxième guitariste de Nirvana, Pat Smear, qui l'avait empruntée au bassiste Krist Noivoselic dans l'émission Unplugged sur MTV. «J'ai remarqué qu'il y avait des mots écrits sur l'épaule de la guitare. J'ai dit: c'est ma guitare!», raconte Charlebois.