La matière de Dionysos plays Bird'n' roll , septième album studio du groupe français sous étiquette Barclay/Universal, sera mise en relief aux Francos montréalaises. L'album n'est pas sans liens avec le dernier roman de Mathias Malzieu, Métamorphose en bord de ciel. Il appert que l'auteur est aussi le chanteur de Dionysos, un des plus intéressants de l'Hexagone, tant pour sa substance et sa constance. Il fait partie du grand spectacle d'ouverture des Francos montréalaises.

Q. Quelles ont été les avancées de ce dernier album?

R. C'est l'immédiateté, la spontanéité, la dimension physique. C'est l'album le plus physique de Dionysos a fait depuis Western sous la neige (paru en 2002). Les chansons sont courtes, l'album est court. Il y a dans cet album une dimension rock & roll ultra-physique. C'est d'ailleurs pour ça que nous nous sommes amusés à inventer une danse qui va avec Bird'n'roll. Nous nous sommes quand même amusés à détourner ce côté extrêmement physique avec nos petites marottes, scie musicale et autres arrangements. Pour l'album La mécanique du coeur, nous avions huit invités et des arrangements symphoniques sur presque tous les titres. Cette fois, nous avons des arrangements pour choeurs de filles ou sifflets à quatre voix! Ainsi, nous avons branché nos amplis, nous avons joué quasiment comme en concert, puis nous avons détourné cette matière brûlante avec beaucoup d'instinct et de spontanéité. En somme, c'est le plus montagnes russes, le plus contrasté et le plus rock'n'roll de tous nos albums.

Q. Et que dire de cette métaphore aviaire?

R. Bird'n'roll n'est ni un concept ni une intention. Ça s'est fait petit à petit, pendant le processus de création. Ces morceaux nous ont donné envie de danser, nous avons trouvé marrant d'inventer une danse qui allait avec Bird'n'roll. Les arrangements de sifflets sont arrivés dans la même foulée. Cette danse et ces arrangements de sifflets sont devenus le liant de l'album, Dionysos plays Bird'n'roll! en deviendrait le titre. Ça s'est fait comme ça, dans l'énergie et dans l'élan et non selon un plan prémédité. Dans la chanson Cloudman, le personnage (repris de mon roman) dit  je vis comme une toupie de chair et de sang, mon équilibre ne s'est maintenu qu'en mouvement; ça résume bien l'état d'esprit de l'album. Il fallait se faire confiance pour y arriver, il fallait surtout éviter le formatage et l'idée que nous avions de nous-mêmes afin de mieux nous transcender.

Q. Dionysos existe depuis les années 90, comment y fait-on durer le plaisir ?

R. Tant en musique qu'en chanson ou en littérature, j'ai un terrain de jeu extraordinaire : je peux y raconter des histoires. J'essaie d'en profiter au maximum avec mes amis de Dionysos et continuer à apprendre des choses. C'est une aventure où nous sommes débutants chaque fois qu'un nouvel album est en création. Nous avons ensemble acquis un savoir-faire, mais il y a encore une excitation et nous y allons à fond. Il y a donc toujours une différence entre l'acquis et le gagné, le but étant de continuer à nous transformer en nous-mêmes, à nous approcher encore plus près de ce qui nous passionne le plus. Et donc d'exhaler une vraie sincérité, une vraie justesse. Nous avons la chance de nous exprimer en tant qu'artistes, mais nous sommes aussi des humains comme les autres: amoureux, en colère, déçus, tristes, enthousiastes, etc. Chaque fois qu'on s'approche le plus près de ces émotions-là, et qu'on est en mesure de les retranscrire en musiques et en histoires, on gagne. Tant que ça reste sur cette brèche, tant qu'on essaye de nouvelles choses tout en s'assumant à fond, on gagne.

Dyonisos participe au spectacle de Pierre Lapointe jeudi soir dans le cadre du Grand événement d'ouverture, dès 18h.