Cali n'a pas l'habitude de commencer ses concerts en douceur. Il met toute la gomme dès la première chanson, en se donnant le défi de tenir le rythme jusqu'à la fin du spectacle. Il a été fidèle à lui-même, jeudi soir, alors qu'il se produisait sur place des Festivals: à la deuxième chanson, L'amour fou, il plongeait déjà dans la foule et se laissait porter à bout de bras par ses fans.

Le chanteur français se produisait sans doute devant sa plus grande foule à vie au Québec. La place des Festivals grouillait de gens trop heureux de sautiller ou de taper des mains en réponse aux appels incessants du maître de cérémonie. Une manière de lui rendre un peu de l'énergie folle qu'il déployait. Cali, peu importe la taille de la scène, se donne toujours comme s'il se produisait au Stade de France. On ne voyait d'ailleurs que lui sur scène, même s'il était accompagné par sept musiciens.

Son approche sans demi-mesure l'incite à abuser des plus vieux trucs de show d'aréna comme crier le nom de la ville où il se trouve (ce qu'il a fait au moins 2000 fois jeudi) et traiter ses chansons comme si elles avaient toutes l'amplitude des hymnes de U2 et Arcade Fire. Ce qui n'est pas le cas, même si son répertoire compte quelques airs fédérateurs d'envergure capable de soulever une foule, à commencer par 1000 coeurs debout, livrée avec panache en fin de programme.

Cali, en résumé, a les défauts de ses qualités. Mais au bout du compte, et malgré le côté rock épique un peu forcé des chansons de son dernier disque interprétées jeudi, il remporte toujours la mise tant ses performances sont sympathiques, sudorifiques et surtout organiques. Comme ses chansons, qui parlent beaucoup de pulsions amoureuses et de désir pressant, son spectacle - surtout concentré sur le répertoire de ses premier et plus récent disques - fut entier et charnel.

Le chanteur énervé a fait la ballerine sur le piano délicat de Le grand jour. Puis, il a fait chanter la foule pendant Pensons à l'avenir, dans laquelle il a intercalé un segment de Sunday Morning du Velvet Underground. Un clin d'oeil étrange, mais bien amené. Puis, après son premier contact physique avec l'assistance en début de spectacle, il a replongé pendant Je m'en vais, s'est laissé porter par la foule et a même amorcé la chanson suivante, Mille ans d'ennui, debout sur la marée humaine!

La seule chose qu'on retient vraiment contre Cali, à la fin de ce spectacle déchaîné, c'est la mauvaise idée qu'il a eue pendant C'est quand le bonheur. Qu'il hisse quelques-unes de ses admiratrices sur scène n'a rien d'inhabituel. Mais qu'il ose passer le micro à l'une d'entre elles est un geste moins sympa qu'il n'en a l'air. Les tubes, on préfère les entendre de la bouche même de la star de la soirée. En plus, la jeune femme qui tenait le micro chantait affreusement faux... Vilain charmeur, va!