Alexis HK est joint dans un train français. Il rentre chez lui après avoir donné un spectacle à Saint-Étienne. Il y était seul avec sa guitare, exactement comme cela se produira devant les spectateurs montréalais, auprès de qui il s'est présenté à quelques reprises depuis une première escale en 2004.

Depuis ses débuts discographiques en 1997, cinq albums studio ont été rendus publics avec à la clé une croissance lente et sûre en Europe... et toujours modeste de ce côté de la flaque, comme c'est le cas pour tant d'artistes de qualité. Alors? L'album Les Affranchis a été lancé en 2009, les cousins d'Amérique le découvrent vraiment en 2011.

Vieux motard que jamais, c'est aujourd'hui et demain que ça se passe.

«J'essaie de revenir au Québec dans différentes configurations, explique Alexis HK. Je suis venu en duo, en groupe, ce sera cette fois avec une guitare et mes chansons. J'y essaierai de convaincre dans la simplicité. Vous savez, on ne choisit pas une voie rapide lorsqu'on choisit la chanson. Il faut être patient, obstiné, il faut labourer le terrain sur des années et des années.

«Faire de la chanson est un métier et un métier prend toute la vie. Il faut réussir à avancer. Pour moi, c'est toujours un plaisir de continuer à pouvoir exercer ce métier même si ce n'est pas dans des proportions de star. Constituer un public fidèle est mon objectif et je crois être en train de l'atteindre.»

Alexis HK fut de cette «nouvelle chanson française»... qui semble avoir perdu de son intensité si l'on s'en tient aux échos récents de l'hexagone. Notre interviewé ne s'inquiète pas.

«Ce sont des cycles et il y a toujours une renaissance après un déclin. J'écoute moi-même beaucoup de musique anglo-saxonne et je me rends compte que ça crée chez moi un manque au bout d'un moment. On a besoin d'entendre des mots qui nous parlent vraiment et pas seulement des mots qui sonnent bien. Alors, je ne crois pas beaucoup à cette vague de francophones qui chantent en anglais. Les Français chantent généralement très mal en anglais, très peu de groupes sont convaincants.»

Alexis HK ne préconise pas pour autant une renaissance du classicisme chansonnier à la française. Classicisme qu'il ne renie pas, d'ailleurs. Il semble plutôt rechercher une actualisation soft de la forme:

«Aujourd'hui, fait-il observer, j'ai le sentiment que ceux qui font avancer les formes de la chanson française en général sont les artistes hip-hop, enfin ceux qui écrivent à la fois très bien et qui ont une vision très actuelle de la musique. Moi, j'essaie un peu de me sortir de mon classicisme même si je reste très attaché aux guitares acoustiques et aux formes connues de la chanson française. Je suis vraiment entre les deux, en fait.

«Ainsi, on peut voir que j'aime à la fois le hip-hop et la chanson française classique. Je n'ai pas peur de montrer que je suis à ce carrefour-là. J'ai réussi à trouver une écriture pas trop vieillotte, qui raconte des choses d'une manière assez soignée sans être pompeuse et classique. En même temps, pas trop cacophonique.»

Lorsqu'on lui demande ce dont il est le plus fier jusqu'à maintenant, Alexis HK esquisse une réponse qui n'a rien de définitif:

«Mon saint patron est Georges Brassens. En plus d'écrire extrêmement bien, il a fonctionné librement sans rechercher le succès permanent. Il m'a appris ceci: lorsqu'on travaille bien ses chansons, on peut être écouté.  Hier à St-Étienne,  j'ai joué seul devant 400 personnes qui m'ont écouté du début à la fin. Cette qualité d'écoute obtenue fait partie de mes fiertés. Avec une simple chanson, on réussit à diffuser quelque chose. Des choses drôles, des choses plus graves... En tout cas, je constate que les gens ont besoin qu'on leur parle aujourd'hui.»

Petit train va loin, celui d'Alexis HK n'y fait pas exception.

Alexis HK se produit lundi, 17h, Tente Slam Pepsi (programme partagé avec Alex Beaupain) et mardi, 17h, Scène Desjardins.