Le dernier grand événement extérieur des FrancoFolies a débuté par une surprise, plutôt agréable: le groupe Gigi French ayant dû se désister à la dernière minute, pour raisons de force majeure, nous dit-on, c'est Xavier Caféïne et son groupe qui ont ouvert, à 18h, les hostilités rock! Et on s'entend: même en plein soleil, Caféïne a assez d'expérience et de charisme derrière les «tatoos» pour assurer comme la bête de scène qu'il est.

De toute façon, après la pluie diluvienne qui était tombée en après-midi suivie soudain d'un fabuleux beau grand ciel bleu, tout aurait été un plaisir. Mais disons que Xavier et son efficacité rock et son look d'enfer, ça faisait encore plus plaisir. Comme il était également programmé pour se produire dehors à 23h, on se réjouit tous que Caféïne ait reçu deux paies bien méritées au lieu d'une ce samedi!

Bonne surprise aussi, la prestation rock-glam d'Ariel, le groupe gagnant des Francouvertes 2009, qui a pris un peu de temps à convaincre - normal, il est inconnu au bataillon -, mais qui a peu à peu rallié les troupes avec une prestation solide, pas résolument originale mais sérieusement énergique. On a particulièrement apprécié quand le leader de la formation, Ariel Coulombe a invité la violoniste du groupe Hotel Morphée à l'accompagner pour les bien bonnes tounes Les sorcières  et Tout va, la présence de Séba de la formation rap Gatineau sur la chanson C'est quoi, ton problème, ainsi que la chanson Chargez!, une des meilleures du premier disque d'Ariel. La formation a profité de l'occasion pour faire une inédite, Freak Show - oui, ça vaut la peine de la mettre sur le prochain album - et a été «obligé» d'en faire une autre, personne ne s'est plaint. On remerciera une fois de plus le sonorisateur de la Place des festivals, capable de nous faire entendre les mots, quel que soit le genre musical pratiqué sur la grande scène.

Je dois ici m'excuser auprès de Fred Fortin: j'ai manqué une partie de son spectacle pour aller voir Arnaud Fleurent-Didier, en première partie de Pierre Lapointe, au Théâtre Maisonneuve. J'aime énormément le dernier disque de Fleurent-Didier, La reproduction... et il fallait justement connaître déjà cet album, avec ses textes subtils et justes, ses mélodies sensuelles et évocatrices pour apprécier le spectacle: la sonorisation était plutôt confuse! Pour ceux qui le connaissent un peu, en tout cas, c'était un fascinant objet que cette première incursion au Québec de l'auteur de la chanson France Culture. Plus électrique que je ne l'imaginais, plus énergique, très années 70 dans les arrangements et accompagné de quatre musiciens, le chanteur a offert une prestation délicieusement stabilisante, avec des projections, des ruptures de rythmes et un univers franchement pas banal (si on connaissait les paroles...).  Disons simplement que ceux qui venaient entendre Lapointe seul au piano étaient un peu surpris. La solution? Soyons nombreux à nous procurer La reproduction pour le retour d'Arnaud Fleurent-Didier, un jour.

Et comme le Seigneur fait parfois bien les choses, j'ai pu assister à la fin du show de Fred Fortin, en forme, qui a fait ce qu'il fait le mieux: rentrer dedans avec ses guitares bien lourdes, ses textes incroyables et son côté «artisanat flamboyant» qui le rend unique.

La foule ne cessait de grossir et même si la pluie s'est mise de la partie vers 21h00, on était des milliers à se mettre à chanter avec Les Trois Accords, très en forme. Le public, dont l'âge oscillait principalement  entre 20 et 30 ans, ne se pouvait plus de chanter Dans mon corps, Grand champion, Lucille (ça, c'était les trois premières chansons, ça vous donne une idée de l'efficacité de la chose, ça fessait!). On a continué à chanter en tas ces hymnes délicieusement débiles que sont Tout nu sur la plage, Youri, Pièce de viande, Nuit de poésie (très rock destroy), etc., en tout une vingtaine de morceaux que tout le monde connaissait, y compris la troublante Le bureau du médecin. Et qui n'a pas pensé à ce qu'il faisait de sa vie quand il écoutait, il y a cinq, six ans, Hawaïenne et Saskatchewan, chansons emblématiques de toute une époque?

En somme, la diversité de ces 22e FrancoFolies était représentée dans ce gros party de clôture en plein air qui déclinait le rock, quasi punk avec Caféine, glam avec Ariel, hurlant avec Fred Fortin et humoristico-grunge avec Trois Accords. Ça finissait bien...