Neil Young, Foo Fighters, The Weeknd, Beck, Lorde parmi 243 artistes programmés sur onze jours; un lieu chargé d'histoire pouvant accueillir 90 000 personnes; des tarifs défiant toute concurrence: le Festival d'été de Québec a pourtant tout du secret le mieux gardé du Canada.

L'événement musical, qui se tiendra dans la capitale québécoise de jeudi jusqu'au 15 juillet, en est à sa 51e édition. Ce qui en fait un des plus vieux d'Amérique du Nord et un des plus fréquentés dans le monde avec un million de spectateurs qui s'y rendront sur toute sa durée. Mais contrairement à Coachella, Lollapalooza ou Rock in Rio, l'exposition médiatique internationale du «FEQ» est faible.

«Pour beaucoup, on est catalogué "le festival le plus extraordinaire dont vous n'avez jamais entendu parler". On n'est pas très connus à l'étranger ni même dans l'ouest canadien. Et quand je vais y faire de la promo, il y a toujours des visages qui s'illuminent quand ils entendent parler de notre histoire pour la première fois», dit à l'AFP le directeur de la programmation Louis Bellavance.

Une histoire née il y a pile 50 ans, «lorsqu'une bande de rêveurs, qui avaient envie de démocratiser la culture, de l'amener dans la rue, ont créé le FEQ presque comme une fête de quartier, avec cette particularité restée immuable: être un événement à but non lucratif», raconte-t-il.

Un demi-siècle plus tard, à une époque où les festivals pullulent et génèrent énormément d'argent, la philosophie et le modèle économique du FEQ laissent rêveur.

«Il n'y a aucun propriétaire à proprement parler, on a un Conseil d'administration bénévole qui ne tire aucun bénéfice, avec un président qui change tous les deux ans. C'est une structure communautaire, au chiffre d'affaires de 45 millions de dollars canadiens, qui compte une soixantaine d'employés permanents à l'année», décrit Louis Bellavance.

Première pour Neil Young

Surtout, le FEQ propose probablement les tarifs les plus bas qu'on puisse trouver pour une manifestation de cette taille. Pour 100 dollars, le festivalier pourra voir 250 spectacles dont ceux de plusieurs stars mondiales (Neil Young, The Weeknd, Beck, The War on Drugs...).

«En plus, ce laissez-passer est partageable! Et peu importe avec qui!», s'exclame le directeur de la programmation du festival.

«C'est un système qui est farfelu, car on s'autocannibalise au niveau des revenus, convient-il. Mais il fonctionne à merveille si on écoule les 120 000 laissez-passer. Or on y arrive. Et au final on atteint à chaque fois l'équilibre financier».

«De toute façon, on a tout intérêt à ce que ce laissez-passer revienne sur le site chaque soir, peu importe qui porte le bracelet. Quand Metallica joue chez nous comme l'an passé, c'est comme si on avait un bar à ciel ouvert pour 90 000 personnes. À quatre consommations par personne, ça fait des bénéfices impressionnants», éclaire-t-il.

Une telle jauge, c'est ce que peut accueillir le site des Plaines d'Abraham, situé au coeur de la ville. Sur ce champ de bataille, qui vit les armées anglaises sonner le glas de la Nouvelle-France en 1759, Paul McCartney, les Rolling Stones, les Who, Elton John ou encore Stevie Wonder ont écrit les plus belles pages du FEQ, quand celui-ci a accordé une plus grande place aux artistes internationaux au début du millénaire.

Aussi surprenant que cela puisse paraître, vendredi soir ce sera une grande première pour Neil Young à Québec. «C'est un gars de l'Ontario qui a grandi à huit heures de voiture de chez nous. Ce fut très difficile de le convaincre. Il a fallu lui raconter ce qu'étaient les Plaines d'Abraham, notre philosophie, notre modèle économique et, finalement, j'y suis arrivé», sourit Louis Bellavance.

Le «Loner» sera le chef de file d'un très grand nombre de Canadiens qui constituent environ les deux tiers des artistes présents. Dans ce paysage où la francophonie tient également une grande place, la délégation française aura également fière allure avec Jane Birkin et son Gainsbourg symphonique, Jain ou encore Phoenix.