Le pari a été relevé haut la main au Festival d'été de Québec, vendredi soir, avec la première soirée country d'envergure de son histoire sur les plaines d'Abraham. Keith Urban a clôturé une soirée très courue après les Québécois Bobby Bazini et Robby Johnson, Beauceron promis à une carrière florissante à Nashville. Nous l'avons rencontré quatre heures avant qu'il ne monte sur scène.

Vous ne connaissez peut-être pas encore son nom, sauf si vous êtes parmi les 115 000 personnes à aimer sa page Facebook. Retenez-le : Robby Johnson.

Vous avez peut-être entendu parler du chanteur country beauceron lors de son passage à l'émission de David Letterman, l'an dernier. Il s'est produit sur les plaines d'Abraham au Festival d'été de Québec, vendredi soir, en première partie de Bobby Bazini et Keith Urban.

« C'est le plus gros show de ma carrière et c'est incroyable de pouvoir le faire à la maison. N'oublions pas que c'est le plus gros stage en Amérique du Nord », dit Robby Johnson.

Quatre heures plus tard, sa voix country chaude s'envolait au-dessus des dizaines de milliers de personnes qui affluaient sur les Plaines par une soirée d'été parfaite.

Aujourd'hui, Robby Johnson - né Sylvain Robitaille - vit à Nashville avec sa famille. Son imprésario, April Rider, a notamment bossé pour la star country Tim McGraw. Son premier album officiel, Don't Look Back, sortira cette année avec l'étiquette établie Sony-RED.

Un rêve ? Non. Un compte de fées ? Oui.

« J'ai toujours été créatif. J'ai écrit des chansons, mais je ne me considérais pas comme un chanteur ou un artiste. C'est ma conjointe qui me disait : "Tu as une super belle voix" », raconte celui qui a aussi - chuchotait-on parmi la foule féminine, vendredi soir - une belle gueule.

Robby Jonhson a toujours chanté, mais pour lui-même. « À l'époque, j'étais représentant sur la route pour des produits industriels dans l'industrie des pâtes et papiers. Mais dans ma vie, à chaque fois que je me suis dit que je ne ferais jamais cela, j'ai toujours fini par le faire. »

TRAVAILLER AVEC LES GRANDS

Sa plus grande admiratrice, sa conjointe Pier-Anne Lachance (à qui il accorde une grande part de responsabilité pour le cours de sa carrière fortuite), lui a offert à la fin de 2012 une séance d'enregistrement d'un démo à Montréal dans un studio. Résultat : la chanson I'll Be There (Rockin' & Rollin').

« Je l'ai mise sur Facebook et YouTube et des gens de Nashville m'ont approché. »

Parmi eux, un certain Jimmy Nichols, musicien et réalisateur qui a travaillé avec Elton John, Lee Ann Womack, Keith Urban et Faith Hill.

Robby Johnson a ensuite eu la chance de collaborer avec des auteurs-compositeurs émérites (dont Ashley Gorley, Josh Osborne, Chris DeStefano, Rhett Akins et le lauréat de prix Grammy Frank Myers), puis de voir sa chanson South of Me percer le top 20 des stations de radio country américaines (très rare pour un artiste indépendant) et d'enregistrer son premier album avec le réalisateur James Stroud. « Il a travaillé avec des grands. »

Citons des noms : Willie Nelson, Reba McEntire et Hank Williams Jr.

Cerise sur le sundae : Vince Gill a fait un saut en studio pour un solo de guitare sur une pièce intitulée I Ain't the Guy.

« Je suis arrivé à Nashville en disant à tout le monde : "Je suis ici pour apprendre" », raconte Robby Johnson, dont l'histoire est synonyme de pure humilité.

Robby Johnson peut aussi bénéficier des conseils de Mario Lefebvre, l'imprésario de Roch Voisine qui a aussi longuement travaillé pour Céline Dion, Garou et Gregory Charles. « Partout où il passe, Robby a un bon aura », souligne-t-il en rappelant son passage à David Letterman, l'an dernier.

Dixit David Letterman, Robby Johnson est le premier chanteur country canadien-français à s'être produit sur le plateau de la populaire émission américaine de fin de soirée.

Nashville attire beaucoup d'appelés, mais produit peu d'élus, rappelle Robby Johnson. Mais tout est bien parti pour lui.

Le père de famille ne négligera pas le Québec pour la sortie internationale de son premier album. Il ira où le public veut de lui, peut-être en France et en Australie.

Vendredi soir, il a fait preuve d'une assurance et d'un calme impressionnants sur scène. Accompagné de six musiciens de Nashville (dont Leland Grant qui a participé à l'émission The Voice), il a interprété notamment son plus récent extrait Shady, une reprise de Drift Away et pour finir, son tube South of Me, dont des spectateurs connaissaient les paroles par coeur. Il a aussi chanté une version traduite en français de la ballade The Dance de son idole Garth Brooks.

BOBBY BAZINI ET KEITH URBAN

Bobby Bazini, lui, a déjà une carrière internationale qui a le vent dans les voiles. « Je ne me rappelle pas avoir vu autant de monde, a-t-il néanmoins dit, vendredi soir. C'est ma première fois sur les Plaines. Je suis content. »

« Bonsoir Québec. Comment ça va ? Enchanté », a lancé Keith Urban en bondissant sur scène après Bazini au son de son tube Long Hot Summer. Le chanteur country néo-zélandais vivant à Nashville, marié à Nicole Kidman, a fait valoir son talent de guitariste à coups de solos enflammés dans un spectacle au souffle très rock.

À voir la réaction de la foule dès les premières notes de son succès Somewhere in My Car, il compte sur un public averti dans la Vieille Capitale. De quoi lui donner envie de revenir après le seul spectacle de sa carrière à Québec et son premier dans la province en 15 ans.

Soulignons qu'il a chanté sa chanson We Were Us en duo avec Allison Fortier, une jeune femme de 20 ans qui a remporté le concours Sur scène avec Keith Urban que la star tient dans sa tournée en collaboration avec des stations de radio.

EN ATTENDANT LES FOO FIGHTERS

Ce soir, La Presse sera sur les Plaines pour le spectacle-événement des Foo Fighters, exclusif au Festival d'été pour le territoire québécois. La présence de la bande de Dave Grohl a été compromise par la fracture à une jambe de l'ex-Nirvana en plein concert en Suède, le 12 juin dernier. Un trône qu'il a dessiné sous forte médication lui a permis de remonter sur scène rapidement.

Cela promet.