Les Rolling Stones boucleront leur tournée Zip Code devant une mer de monde sur les plaines d'Abraham mercredi prochain. Cette prise spectaculaire du Festival d'été de Québec, qui se met en branle aujourd'hui, s'annonce comme l'événement de l'été au Québec.

Le Festival d'été de Québec essayait d'attirer les Rolling Stones depuis quelques années déjà.

«J'ai fait des appels chaque année et on n'a jamais failli y arriver, pas plus qu'aucun autre promoteur, malgré les rumeurs, raconte Louis Bellavance, directeur de la programmation du Festival d'été de Québec (FEQ) depuis 2011. Cette fois, les conditions gagnantes étaient vraiment réunies.»

Bellavance a appris l'automne dernier que les Stones voulaient donner un dernier grand coup avec cette tournée Zip Code, qui est en fait «la queue de l'ouragan» de la tournée 50 Years and Counting, lancée en 2012 pour souligner le demi-siècle d'existence du plus grand groupe de rock and roll du monde. Cette fois, les Stones ne donneraient que 15 concerts dans des marchés où ils ont moins joué par le passé dans le but de créer l'événement.

«On était un mautadit bon candidat, dit Bellavance. Mais il fallait monter un dossier solide et convaincre ces gens-là, ce qui n'est jamais facile, et, évidemment, ils ne font jamais de cadeaux. Il fallait que ça se passe maintenant et on n'a pas lâché le morceau.»

Ce qui rend ce concert du 15 juillet encore plus exceptionnel, c'est que les Stones n'ont presque jamais joué dans des festivals, au cours de leur longue carrière, affirme Bellavance. Facile à comprendre: leur énorme machine scénique exige des jours d'installation et de démontage. Quand les Stones ont joué au Summerfest de Milwaukee, le 23 juin dernier, c'était hors festival, en préouverture, ce qui leur accordait tout le temps voulu pour bien s'installer. Leur équipe de production est attendue à Québec tout de suite après le concert des Stones à Buffalo samedi soir.

«Quand tu dis à ces gars-là qu'ils ne pourront pas prendre le contrôle de la scène ni même traîner sur la structure pendant le spectacle de Patrick Bruel parce qu'on fait rouler un festival, ils sont un peu sous le choc, explique Bellavance. En fait, ils peuvent faire partout un festival de leur événement, alors qu'ici, ils entrent dans une formule toute faite. Évidemment, on s'adapte: on va construire une passerelle, une deuxième scène... C'est tout un défi pour nous. Aussitôt que Patrick Bruel aura mis le petit orteil hors de la scène la veille, notre équipe va travailler nuit et jour et la sécurité des Stones va prendre le contrôle de notre sécurité à l'arrière-scène.»

Quatre-vingt mille fans attendus

Si les Stones n'avaient été libres qu'après le FEQ, on les aurait quand même accueillis bien volontiers sur les Plaines un peu plus tard. «Mais c'est fantastique de les avoir en festival, dit Bellavance. On va avoir beaucoup plus de monde. Hors festival [donc sans le système de laissez-passer du FEQ], on aurait vendu beaucoup de billets, mais pas 80 000, soyons réalistes.»

Quatre-vingt mille spectateurs, c'est à peu près la capacité d'accueil maximale du site du FEQ, qui vend beaucoup plus de laissez-passer. Bon Jovi y a affiché complet en 2012 et on avait également fermé le site l'année précédente pour le concert de Metallica. Cette fois, le FEQ a prévu un accès au site le long de la Citadelle, zone où la vue sur la scène est obstruée, mais où on va installer des écrans-relais.

En raison de la présence cette année des Stones, mais également des Foo Fighters, dont le leader Dave Grohl va se produire malgré une blessure à sa jambe, le FEQ a doublé ses ventes de laissez-passer hors de la ville de Québec et de la province. Et l'impact médiatique de la venue des Stones est d'autant plus fort qu'il s'agit de la fin de leur tournée, une info relayée partout dans le monde.

«On le sent dans leur équipe, dit Bellavance. C'est la dernière date de la tournée et les gars de production à l'arrière-scène sont plus insistants. Si on suivait leur devis à la lettre, on pourrait payer davantage pour la quantité de fleurs demandée que pour le band de première partie.»

La fièvre des Stones n'épargne pas non plus les autres artistes qui participent au FEQ: «Beaucoup d'artistes de France, des États-Unis et de Montréal qui jouent le 13, le 14, le 16 ou le 17 s'organisent pour être là le 15. Ils nous disent: «On va arriver deux jours plus tôt et on va réserver l'hôtel à nos frais. On veut voir les Stones.» C'est une première pour nous au festival.»

À quelques jours du grand soir, l'équipe du FEQ est fébrile.

«On pense qu'on va leur en mettre plein la vue à ces bonshommes-là, dit Bellavance. Quatre-vingt mille spectateurs qui grondent et les macarons qui flashent dans un champ en agora, ça va être beau.»

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Les Rolling Stones se produisent sur les plaines d'Abraham le 15 juillet à 21h30. Galaxie et The Districts les précèderont à compter de 19h.

Les Stones en chiffres

50: Il y a 50 ans cette année explosait sur les palmarès une bombe nommée Satisfaction. Tout l'art des Stones était concentré dans cet hymne rebelle au riff inoubliable que le groupe joue encore à la toute fin de son spectacle actuel. C'est également en 1965 que Jagger, Richards, Watts, Wyman et Jones ont donné leurs premiers concerts au Québec: le 23 avril à l'aréna Maurice-Richard et le 29 octobre au Forum.

500: Après David Bowie en 2013, ce sera au tour des Stones de faire leur entrée au musée le 6 avril 2016. L'expo Exhibitionism, qui rassemblera à la Saatchi Gallery de Londres quelque 500 objets et documents de toutes sortes, souvent rares sinon inédits, promet un voyage interactif dans l'univers des Stones illustrant comment ils ont transformé notre perception du rock. Après Londres, Exhibitionism s'arrêtera dans 11 villes de par le monde au cours des quatre années suivantes.

44: Il y a 44 ans, les Stones lançaient l'album Sticky Fingers, le premier disque sur leur propre label et dans lequel le guitariste Mick Taylor jouait sur toutes les pièces. Cet album dont Andy Warhol a conçu la fameuse pochette dotée d'une fermeture éclair, les Stones l'ont joué au complet en inversant l'ordre des chansons dans un théâtre de Hollywood quelques jours avant le début de la tournée Zip Code. Sticky Fingers vient d'être réédité dans plusieurs configurations dont un boîtier qui comprend deux CD additionnels, un DVD de deux chansons filmées en spectacle en 1971 et un livre d'une centaine de pages qui situe cet album classique dans la période la plus créative des Stones.

1998: Les Stones n'ont joué qu'une fois à Québec, le 5 janvier 1998 et on peut parler d'une aventure rocambolesque. Le spectacle en plein air annoncé sur le terrain de l'Hippodrome de Québec le 10 octobre précédent a dû être reporté quand le groupe s'est découvert un autre engagement avec MTV. Puis les deux shows prévus les 14 et 15 janvier au Colisée ont été réduits à un seul (le 5 janvier) parce que le Madison Square Garden réclamait les Stones. Enfin, dans la nuit qui a suivi le spectacle du 5 janvier, le verglas s'est abattu sur le Québec et les Stones n'ont pu jouer au Stade olympique le dimanche suivant.

-1: En plus de 50 ans de carrière, les Stones ont perdu des joueurs en cours de route. D'abord Brian Jones, viré du groupe et mort noyé peu après, en 1969, puis Ian Stewart, le «sixième Stone» et cofondateur du groupe, mort en 1985, ainsi que Bill Wyman, qui a pris sa retraite après la tournée Steel Wheels de 1989-1990. Cette fois, c'est sans le saxophoniste Bobby Keys, associé au groupe depuis 1969, que les Stones ont repris la route. Keys, qui est né le même jour que l'indestructible Keith Richards, est mort des suites d'une cirrhose du foie en décembre dernier.