C'est confirmé: le Québec aime Bruno Mars. Après avoir réuni 19 000 personnes au Centre Bell, vendredi dernier, le chanteur a rempli les Plaines d'Abraham, lundi soir, au Festival d'été de Québec.

C'est également confirmé: Bruno Mars a du Elvis Presley, James Brown, Michael Jackson et Justin Timberlake dans le sang. Le chanteur né à Hawaï donne à la pop ses lettres de noblesse avec un spectacle où tout est au service de ses chansons reggae, motown, soul, R&B et doowop.

Les ballades romantiques de Bruno Mars qui l'ont fait connaître sur la bande FM prennent une toute autre vie en spectacle. Dans une mise en scène de cabaret ou de club de musique vintage (où ses parents musiciens sont tombés amoureux à Hawai), Bruno Mars était accompagné de ses Hooligans: une solide section de cuivres et des musiciens blacks enflammés en symbiose avec lui. Leurs chorégraphies motown et coups de hanches à l'unisson pendant Treasure: charmant, irrésistible et charnel. 

«J'aime la musique old-school», a dit Bruno Mars, avant d'interpréter la ballade If I Knew, dont la basse et le clavier au parfum rétro sont langoureux à souhait. Il n'en fallait pas plus pour que Mars lance en français: «Je t'aime. Bisous, bisous, bisous...»

Bruno Mars et ses Hooligans ont transformé le tube FM Grenade en explosion rock avec des trompettes de mariachis. Génial. Et bon solo de batterie de Mars avant son hymne Locked Out In Heaven, conclue sous une pluie de confettis. 

Bruno Mars refuse d'accorder des entrevues et d'être pris en photo pendant sa tournée Moonshine Jungle. C'est à défaut d'avoir tout annulé ses spectacles à la suite de la mort subite de sa mère, en juin dernier. Monter sur scène devant ses admirateurs, ça allait, mais entretenir les médias, cela en était trop pour lui.

Ne jamais sous-estimer le pouvoir salvateur de la musique. Bruno Mars a la musique dans le sang. Son spectacle confirme que c'est instinctif et plus fort que lui. Au son de When I Was Your Man («difficile à chanter» dans le deuil, a-t-il confié), Mars était ému par la fébrilité bruyante des dizaines de milliers de spectateurs à ses pieds.

Ellie Goulding 

La soirée de lundi programmée sur les Plaines était la même que celle à l'affiche du Centre Bell, à Montréal vendredi soir, avec Ellie Goulding et Diamond Rings qui précédaient Bruno Mars.

À 20h, Mario Girard, président du conseil d'administration du FEQ, a pris parole au micro pour annoncer la mise en branle d'une collecte de fonds destinée aux gens de Lac-Mégantic.

«On est avec vous, Lac-Mégantic!» a-t-il crié, avant que des bénévoles de la Croix-Rouge se faufilent parmi la foule. 

Ellie Goulding a ensuite fait son entrée au son de Don't Say A Word. Fougueuse, mais trop dans sa bulle et peu portée vers le public, la chanteuse britannique semblait avoir perdu la voix et chantait trop souvent les yeux fermés.

Heureusement que Goulding pouvait s'accrocher à ses chansons pop de qualité, dont Figure 8My BloodOnly You et Lights. Et heureusement que la deuxième moitié de sa prestation était plus incarnée et communicative. La foule sautait et tapait des mains avec elle. Mais pourquoi ce regard perdu au loin... Mystère.

Diamond Rings

Sur le coup de 19h, les Plaines étaient déjà bien remplies pour le spectacle du chanteur torontois Diamond Rings, dont le dernier et deuxième album, Free Dimensional, est à forte saveur pop et new-wave. «Merci d'être venus tôt!», a lancé John O'Regan, alias Diamond Rings. 

Invité l'automne dernier sur les plateaux de David Letterman et Jay Leno, Diamond Rings a des racines montréalaises de par son label, Secret City Records (Patrick Watson, Barr Brothers).

Le grand gaillard au look androgyne et à la voix grave de baryton était en forme et inspiré, fidèle à son habitude. Il a dansé fougueusement sur I'm Just Me et donné une tournure rock à Wait & See. Diamond Rings mérite davantage de visibilité et de reconnaissance, selon nous. Trop pop pour les uns, pas assez pour les autres, il fait partie de ces artistes assis entre deux chaises.

Photo: Le Soleil

Ellie Goulding