Les plaines d'Abraham étaient belles à voir malgré la pluie et le ciel gris, hier soir, pour la soirée d'ouverture du Festival d'été de Québec. Dans le vaste parc historique s'étendait une tapisserie de parapluies colorés cachant des festivaliers.

Devant eux, sur la grande scène aux dimensions titanesques, plus de 400 choristes ont pris place pour accompagner Laurence Jalbert, Daniel Lavoie, Paul Piché, Michel Rivard, Luce Dufault et Richard Séguin, les têtes d'affiche du spectacle Quand le Québec chante.

Comme par magie, les gouttes ont cessé pour l'entrée en scène de Laurence Jalbert, qui a offert au public ses succès Au nom de la raison et Tomber, accompagnée du «mur vocal» de 400 personnes placées en rangées derrière elle. «Ça fait 38 ans que je gagne ma vie avec la scène», a rappelé la chanteuse rouquine.

«Son ami» Paul Piché lui a succédé sur scène pour une chanson au titre paradoxal compte tenu des conditions météorologiques: Y'a pas grand-chose dans le ciel à soir. Puis a suivi Daniel Lavoie qui a choisi d'interpréter Je voudrais voir New York et Tension attention.

Les dizaines de milliers de spectateurs réunis sur les plaines d'Abraham ont ensuite applaudi Michel Rivard, qui a rendu hommage au territoire québécois avec une version vocale symphonique de sa chanson Rivière.

L'énergie a monté d'un cran avec la fougue rassembleuse de l'hymne Journée d'Amérique entonné par Richard Séguin et les 400 choristes. C'était à en oublier la pluie intense qui était de retour.

«Vous êtes beaux à voir ici, a lancé Richard Séguin, au moment de mettre sous presse. Merci de la place que vous faites à nos chansons.»

Une foule éclectique

Si le mandat de la programmation musicale du FEQ est la «diversité», cette volonté se traduit par la foule éclectique que le festival attire. Hier soir, La Presse a jasé avec des spectateurs aux goûts et profils fort différents.

Nous avons croisé trois amies de Québec dans la cinquantaine. L'une d'elles, Sophie Côté, est une habituée du FEQ depuis 1984. Elle dit «en avoir encore pour son argent» quand elle achète son laissez-passer annuel. «Mais le festival évolue surtout pour les jeunes, dit-elle. C'est un festival de gros noms... Guns N' Roses, Def Leppard, ça ne m'intéresse pas. Je fais moins de découvertes francophones qu'avant...»

De son côté, la festivalière de «type Osheaga» Véronique Lajoie aime le volet indie-rock du FEQ. «Je serai aux shows des Black Keys, Weezer, Passion Pit, MGMT et les soirées à l'Impérial», énumère la jeune femme de 25 ans.

Comme quoi le renouveau du Festival d'été de Québec fait des heureux et des mécontents, tout en continuant d'attirer les habitués et des plus jeunes festivaliers.

Et comme quoi des alertes d'orages violents n'empêchent pas des dizaines de milliers de personnes de se réunir sur les plaines d'Abraham.