Deux ans après la fin de sa dernière tournée, Belle and Sebastian va renouer avec la scène avec deux spectacles programmés jeudi (à Québec) et vendredi (à Montréal). L'aura du cultissime groupe n'a pas pâli au cours de cette longue pause. Pitchfork, la bible de l'indie-rock, vient d'ailleurs de consacrer un documentaire à If You're Feeling Sinister, premier album des Écossais.

«On n'a donné aucun concert depuis la fin de la dernière tournée, confirme le claviériste Chris Geddes, joint à Glasgow. On a seulement continué à jouer ensemble pendant un temps pour travailler sur de nouvelles chansons avant de prendre une pause.»

Le mot pause mériterait d'être mis entre guillemets. Stuart Murdoch, meneur du groupe, a en effet consacré une partie de son temps à boucler un projet qu'il porte depuis des années: God Help the Girl, film en partie musical. Le guitariste Stevie Jackson, lui, a fait un disque solo, alors que Chris Geddes a composé avec la violoniste Sarah Martin.

Aucun nouveau disque n'étant au programme avant 2014, la tournée de cet été sera surtout l'occasion de revisiter leur répertoire. «Il y a une ou deux nouvelles chansons qu'on songe à jouer, mais je crois qu'on aura besoin d'avoir quelques spectacles derrière nous avant de le faire vraiment», dit Chris Geddes.

Douze musiciens sur scène

Peu de chances que ça se produise chez nous. Ce n'est pas plus mal: avec huit albums, l'orchestre folk romantique et nostalgique a amplement de quoi sustenter. Et il se donne les moyens de le faire généreusement sur scène: plus d'une douzaine de musiciens (dont un quatuor à cordes) fouleront la scène de la salle Wilfrid-Pelletier.

«On n'a fait qu'une seule tournée nord-américaine sans quatuor à cordes, juste avec les membres du groupe», se rappelle le claviériste. Stuart Murdoch et sa bande rechignent en effet à l'idée de devoir diminuer l'envergure des arrangements musicaux qu'ils couchent sur disque au moment des concerts.

«Quand Stuart a formé le groupe, sa conception de la musique était inspirée par la pop de chambre des sixties - The Left Banke ou l'album Forever Changes de Love. Des disques où les arrangements faisaient partie intégrante des chansons, souligne Chris Geddes. Tourner avec un quatuor à cordes sera toujours notre première option.»

Légende urbaine

Il s'est dit bien des choses, d'ailleurs, sur les débuts de Belle and Sebastian. Que Stuart Murdoch avait formé le groupe pour un cours à une école de gestion de la musique et qu'il avait l'idée de le saborder sitôt les classes terminées, notamment. Une bonne histoire qu'un récent documentaire produit par Pitchfork TV incite désormais à classer parmi les légendes urbaines...

Tigermilk, en gros, a plutôt été le démo sélectionné par ce programme de professionnalisation des musiciens. «On ne savait pas trop ce qu'on faisait au début, admet cependant Chris Geddes, qui juge très honnête - bien qu'exagérément positive - la réalité dépeinte par le documentaire de Pitchfork. On ne savait pas si on était un groupe ou des amis qui en aidaient un autre avec son projet musical. On a mis du temps à se rendre compte qu'on était un vrai groupe...»

Qu'entendra-t-on sur le prochain disque de Belle and Sebastian? Le claviériste n'en a aucune idée. «On n'en a pas encore discuté, dit-il. J'imagine qu'on écoutera les musiques des uns et des autres dans le bus de tournée...» Stuart Murdoch a écrit sur le site du groupe qu'un album pourrait paraître en 2014. Si tout va bien. Aimer Belle and Sebastian, c'est aussi devoir prendre son mal en patience...

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Ce soir, au Festival international d'été de Québec et vendredi à 19h30, à la salle Wilfrid-Pelletier.