Pas de chance pour Lanaudière : en ce début de festival, la pluie et le froid étaient au rendez-vous. Cela n'a pas empêché les fidèles mélomanes d'occuper toutes les places situées sous le toit de l'amphithéâtre Fernand-Lindsay. Une cinquantaine de braves étaient aussi installés sur la pelouse avec leurs parapluies pour un concert qui, sans être mémorable, fut amplement satisfaisant.

En premier lieu, l'Orchestre du Festival, sous la direction du chef hongrois Gregory Vajda, interprète La tempête, fantaisie symphonique de Tchaïkovski inspirée de l'oeuvre de Shakespeare. Bien que le chef ait souligné amplement les contrastes de la partition et énoncé les thèmes avec clarté et élégance, on aurait souhaité qu'il donne plus d'élan et de souffle à l'ensemble, alors que le discours musical donnait parfois l'impression de stagner, frôlant même l'immobilisme.

On sent bien peu, dans cette direction assez convenue, les tensions dramatiques shakespeariennes auxquelles on peut s'attendre d'une telle oeuvre. L'ouverture-fantaisie Roméo et Juliette empreinte de lyrisme, après l'entracte, sera davantage à la hauteur des attentes. On n'en regrette pas moins la fougue et l'imagination de coloriste de Jean-Marie Zeitouni, qui dirige habituellement l'Orchestre du Festival.

LA DOUCEUR D'ALAIN LEFÈVRE

Dans le Concerto pour piano no 1 de Tchaïkovski, Alain Lefèvre respire le calme et se lance dans ce morceau de bravoure avec une certaine prudence. Ceux qui suivent sa carrière depuis longtemps et l'ont souvent vu et entendu en concert auront peut-être remarqué que quelque chose a changé dans son jeu, devenu plus serein qu'autrefois.

En pleine possession de ses moyens techniques et musicaux, très posé, le pianiste semble avoir mis de côté cette fébrilité nerveuse qui caractérise parfois ses prestations. Le toucher est plus moelleux, la sonorité plus ronde. On sent chez lui une forme de détachement ; peut-être est-ce l'abandon dans la musique d'un artiste confiant en lui qui n'a plus rien à prouver à personne. Il en résulte une interprétation assez poétique, empreinte de douceur, qui offre aussi le grand avantage d'être exempte de certains tics et mimiques théâtrales superflus dont il a déjà eu l'habitude. Tant mieux.

Pour finir sur une note éclatante, on avait mis au programme Feste romane (« Fêtes romaines ») de Respighi, oeuvre assez tapageuse, riche en couleurs et en rebondissements, qu'il faisait plaisir d'entendre résonner dans un amphithéâtre extérieur, en pleine nature. Impossible d'être déçu par une oeuvre aussi spectaculaire qui, en nous donnant l'occasion de mesurer la virtuosité de l'orchestre, allait nous permettre de repartir rassasiés de musique.

Vous avez raté ce concert ?

Le Festival de Lanaudière se poursuit jusqu'au 7 août. Voici nos suggestions

BEETHOVEN - DE L'OMBRE À LA LUMIÈRE

Avec l'Orchestre de chambre I Musici, sous la direction de Jean-Marie Zeitouni. Soliste : Emmanuelle Bertrand, violoncelle. Le 16 juillet, 20 h, amphithéâtre Fernand-Lindsay.

ALEXANDRE DA COSTA ET LE ROYAL 22e RÉGIMENT

Le 24 juillet, 14 h, amphithéâtre Fernand-Lindsay.

L'OSM ET CHARLES RICHARD-HAMELIN

Au programme, Concerto pour piano no 1 de Brahms, sous la direction de Kent Nagano. Le 5 août, 20 h, amphithéâtre Fernand-Lindsay.

YANNICK NÉZET-SÉGUIN ET L'ORCHESTRE MÉTROPOLITAIN

Bons baisers de Philadelphie. Le 7 août, 14 h, amphithéâtre Fernand-Lindsay.