L'Orchestre Symphonique de Montréal et son chef Kent Nagano ont obtenu un véritable triomphe samedi soir à la fin de leur «résidence» de deux concerts au Festival de Lanaudière. Plus nombreuse encore que la veille et se levant spontanément de tous les coins de l'immense site, la foule de plus de 5000 personnes a fait à l'orchestre et au chef une longue et bruyante ovation qui ne faisait que prolonger l'infernal tapage sur lequel se termine la première Symphonie de Mahler.

Après les deux B, Beethoven et Brahms, de vendredi soir, Nagano passait cette fois à deux M, Mozart et Mahler. Alors que Brahms s'inscrit dans le prolongement de Beethoven, Mozart et Mahler appartiennent à deux mondes totalement opposés et presque en contradiction. Mozart se satisfait d'un orchestre réduit alors que Mahler requiert la totalité des effectifs, soit une centaine de musiciens, dont sept cornistes que Nagano fait jouer debout, à la toute fin, comme l'indique la partition.   

De Mozart, en première moitié de programme, on entendait le dernier Concerto pour piano, le K. 595, avec comme soliste ce musicien discret et intérieur qu'est Emanuel Ax. Jouant sur ce que les écrans géants révèlent comme étant un Yamaha, M. Ax apporte à Mozart une telle neutralité que son interprétation ne laisse en fin de compte aucune impression durable. Il a choisi les cadences de Mozart, ornemente ici et là le discours, comme le veut la bonne tradition, et, quoique bien appuyé par Nagano, fait avant tout de la musique de chambre avec les musiciens, surtout au mouvement lent.   

Rappelé, il ajoute quelque chose, sans préciser qu'il s'agit d'une Valse de Chopin. La mineur, semble-t-il. Mais il est trop tard pour vérifier le numéro d'opus.   

Nagano, qui avait dirigé la première Symphonie de Mahler à l'OSM en 2007, salle Wilfrid-Pelletier, la reprend dans cette acoustique très vive de l'Amphithéâtre qui donne un nouveau relief aux ritardandos capricieux et aux timbres caricaturaux dont Mahler émaille sa délirante partition. Au départ, l'interprétation de Nagano a évolué en six ans. Le caractère de parodie, que Mahler souhaite en toutes les lettres dans sa partition, est maintenant plus accentué. De même, Nagano s'attarde plus qu'auparavant aux longs épisodes lyriques et aux séquences de suspense. Mention toute spéciale aux interventions du hautboïste Theodore Baskin et du timbalier Andrei Malashenko.   

ORCHESTRE SYMPHONIQUE DE MONTRÉAL. Chef d'orchestre: Kent Nagano. Soliste: Emanuel Ax, pianiste. Samedi soir, Amphithéâtre Fernand-Lindsay de Joliette. Dans le cadre du 36e Festival de Lanaudière.

Programme:

Concerto pour piano et orchestre no 27, en si bémol majeur, K. 595 (1791) - Mozart

Symphonie no 1, en ré majeur (1888) - Mahler