Avec la présentation de Lohengrin en version concert pour la clôture du Festival de Lanaudière, Yannick Nézet-Séguin dirige pour la première fois un opéra de Wagner.

Q : Quel bilan faites-vous de votre première année en tant que directeur musical du Philadelphia Orchestra?

R : Ç'a été absolument fantastique. Les attentes étaient très élevées, notamment en ce qui concerne la situation financière de l'orchestre. On espérait que l'arrivée d'un nouveau chef aide à attirer plus de spectateurs et plus de dons. Sur tous les chapitres, c'est allé au-delà de nos espérances. Le nombre moyen de spectateurs a augmenté d'environ 15%, et pour tous les concerts que je dirigeais, la salle était remplie. C'est très encourageant. Il y a vraiment quelque chose entre cet orchestre et moi. Nous sommes sur la même longueur d'onde. C'est comme si on s'était déjà connus dans une autre vie, je ne trouve pas d'autres mots pour l'expliquer.

Q : Votre carrière a connu une ascension vertigineuse depuis cinq ans, vous attendiez-vous à aller aussi loin quand vous avez commencé?

R : Je ne pense pas que ce soit possible de s'imaginer que ça peut aller aussi loin. Chaque jour, je me pince pour m'assurer que tout cela est vrai! C'est sûr que je rêvais de diriger de grands orchestres, mais quand on rêve, on est toujours conscient que ce rêve n'est pas la réalité. J'ai toujours travaillé fort pour qu'il se réalise, mais je suis conscient que je dois être très reconnaissant pour tout ce qui m'arrive. En Europe, on identifie le moment-clé de ma percée à l'international à ma participation au Festival de Salzbourg, en 2008. À partir de là, c'est allé très vite, et j'ai gravi les échelons des orchestres internationaux. Mais cela a été possible seulement parce que j'avais fait énormément de répertoire et que je m'étais formé en dirigeant l'Orchestre Métropolitain. C'est ce qui a forgé ma personnalité musicale. Et ce qui me fait plaisir, c'est que non seulement ma carrière fonctionne, mais aussi que l'OM est en train de prendre sa place. Les gens le reconnaissent pour ce qu'il est, et nos abonnements sont en très forte hausse.

Q : Que représente pour vous le fait de diriger un opéra de Wagner pour la première fois?

R : Même si j'ai dirigé beaucoup de symphonies de Bruckner et de Mahler en suivant une sorte de chemin en sens inverse et en commençant par les dernières, je m'étais toujours dit que pour Wagner, j'attendrais, et que lorsque j'en ferais, je n'irais pas tout de suite vers le Ring ou Parsifal. Pendant mes années d'étude, je trouvais cela très beau, mais je me disais: comment peut-on maintenir une aussi grande structure pendant quatre ou même six heures? Les plus longues symphonies durent plus d'une heure, mais ce n'est rien comparé à quatre heures de musique comme Lohengrin. Maintenant, avec plus d'expérience, je me sens moins intimidé par cette musique, car en l'étudiant, j'ai réalisé que d'autres oeuvres que j'ai dirigées avant, notamment les opéras de Verdi, m'y ont préparé. Je suis content, car nous avons réuni une superbe distribution, avec notamment Deborah Voigt, qui tenait beaucoup à participer à cet événement.

Q : Comment s'annonce l'automne avec l'Orchestre Métropolitain?

R : En ouverture de saison, dans un concert intitulé 1913, nous allons faire le Sacre du printemps de Stravinski, pour célébrer le centenaire de la création de cette oeuvre qui avait fait scandale au Théâtre des Champs-Élysées. J'aurais tellement été heureux de vivre dans le Paris de cette époque-là! C'étaient des années fascinantes sur le plan artistique. Le Sacre est une oeuvre que j'ai commencé à diriger assez tard, et c'était d'ailleurs une autre première à survenir au Festival de Lanaudière, il y a quatre ou cinq ans. Depuis, je l'ai dirigée plusieurs fois, et c'est la première que j'ai enregistrée avec le Philadelphia Orchestra, en mars dernier, sur Deutsche Grammophon. L'album sortira en septembre.

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Lohengrin en version concert avec l'Orchestre Métropolitain et le Choeur de l'OM, 11 août, 17h, Amphithéâtre Fernand-Lindsay.