Marjorie Owens, Jamie Barton, Russell Thomas, Quinn Kelsey. Ces quatre jeunes chanteurs américains, visiblement au début de la trentaine, sont pour l'instant à peu près inconnus. Dans le monde de l'opéra, ils font partie de ce qu'on appelle la relève. Le talent qu'ils montrent déjà ne laisse aucun doute sur la carrière qui leur est promise. Demain, ils seront sans doute célèbres. On se rappellera alors qu'un certain soir pluvieux de 2013, ils se présentèrent à Lanaudière, sur cette même scène où les avaient précédés, également dans leurs débuts ici, Ewa Podles, Deborah Voigt, Cecilia Bartoli, Françoise Pollet, Sandra Radvanovsky, June Anderson, Karita Mattila et quelques autres.

Pour le bicentenaire de la naissance de Verdi, Lanaudière avait monté un grand concert d'airs, ensembles, choeurs et ouvertures d'orchestre qui commença à 19 h parce qu'il allait durer trois heures, entracte compris.   

Malgré le mauvais temps, et parce que l'on compte ici un large public pour l'opéra italien, il est venu 3500 personnes. À la toute fin, à 22 h précises, l'ovation fut telle que, rappelés plusieurs fois, les quatre chanteurs s'engagèrent dans le fameux Quatuor de Rigoletto, qui brillait par son absence dans le programme établi.   

La liste des opéras de Verdi comprend une trentaine de titres. Il est difficile de donner un chiffre précis car certains cas font problème. Ainsi, le Don Carlos français et le Don Carlo italien peuvent être considérés, à la fois, comme deux ouvrages distincts et comme deux moutures d'un même ouvrage.   

Le programme de Lanaudière comprenait précisément des extraits de l'un et de l'autre et, au total, des extraits d'une douzaine d'opéras, les uns très connus, les autres pas. On aurait souhaité davantage de grands airs très familiers de soprano et de ténor et un peu moins de choeurs. En revanche, terminer sur le quatrième acte d'Il Trovatore conférait de la solidité à cette succession de pages isolées.   

Des quatre chanteurs entendus, la soprano Marjorie Owens et le ténor Russell Thomas réunissent le plus de qualités vocales, musicales et interprétatives. L'un et l'autre chantent et jouent avec un parfait naturel. Chez Owens, la voix reste belle et précise jusqu'au suraigu. Chez Thomas, la production du son, très «ouverte», est d'une incroyable puissance.   

Chantant d'abord d'un timbre un peu éteint, Quinn Kelsey a ensuite projeté un riche baryton ayant une couleur de basse. La mezzo Jamie Barton chante à pleine voix, mord dans les mots, descend jusqu'au plus grave de sa tessiture et ne craint pas de grimacer pour obtenir l'effet vocal escompté.   

Une courte interview de chaque chanteur précédait son entrée en scène. Le choeur et l'orchestre furent irréprochables, tout comme la direction et l'accompagnement de Jean-Marie Zeitouni.

GALA VERDI. Orchestre du Festival et Choeur Saint-Laurent (dir. Philippe Bourque), Marjorie Owens, soprano, Jamie Barton, mezzo-soprano, Russell Thomas, ténor, et Quinn Kelsey, baryton. Chef d'orchestre: Jean-Marie Zeitouni. Samedi soir, Amphithéâtre Fernand-Lindsay, de Joliette. Dans le cadre du 36e Festival de Lanaudière.