Il se destinait à une carrière de pianiste, mais la vie en a décidé autrement. Le nouveau directeur artistique du Festival de Lanaudière se fait maintenant pêcheur. À la recherche des perles rares qui viendront enchanter le public québécois, Alex Benjamin veut lui donner les concerts qu'il mérite, avec l'ambition de faire grandir le Festival et de lui donner encore plus de notoriété.

Quand il était petit, Alex Benjamin s'est cassé un doigt. Mal ressoudé, ce doigt lui donnera du fil à retordre bien des années plus tard, l'obligeant à renoncer à sa carrière pianistique alors qu'il avait presque terminé son doctorat en interprétation à la State University of New York, à Stony Brook. Mais il a gardé sa passion pour la musique, et toujours curieux, il passe son temps à en écouter pour dénicher les prochains solistes et ensembles musicaux qui viendront au Festival.

«Mon but est de trouver des artistes qui sont là pour donner ce qu'ils ont de mieux au public, de grands talents que l'on n'a pas entendus souvent ici, et que les gens sortent du concert en se disant: «Wow! Comment se fait-il que je n'avais jamais entendu parler de ce musicien?» J'ai toujours un immense plaisir à faire plaisir aux gens par la musique. C'est le but du Festival, en fin de compte. Et c'est sans doute sur ce point que l'on se rejoignait le plus, le père Lindsay et moi.»

Âgé de 48 ans, né à Port-au-Prince, il est venu vivre à Montréal très jeune avec sa famille. À 8 ans, il déménage à Joliette, et fréquente le Camp musical de Lanaudière, où il perçoit son prédécesseur, le regretté père Fernand Lindsay, comme une sorte de personnage mythique. Il était bien loin de se douter qu'un jour, il allait lui succéder!

Il a été nommé directeur artistique du Festival en décembre dernier, alors que le père Lindsay est décédé en mars 2009. Il avait d'abord été directeur de la programmation pendant quatre ans, après avoir été directeur artistique adjoint et fait un peu de tout. Ses premières collaborations au Festival furent en tant que rédacteur de notes de programme. Pendant deux étés, il a même été chauffeur privé pour les musiciens, ce qui a donné lieu à de belles conversations avec de grands interprètes!

Projets et ambitions

Pour le nouveau directeur artistique, il est clair que Lanaudière doit continuer à grandir en notoriété et en diversité.

«Le Festival a 33 ans, et il serait dangereux de rester assis sur nos lauriers, dit-il. Il faut continuer à se faire connaître et à attirer plus de gens. Il faut aller chercher de grandes formations de calibre international comme ce sera le cas cette année avec l'Orchestre Symphonique de Pittsburgh. Ce sera la première fois qu'un orchestre d'aussi grande envergure viendra au Festival.»

Pour lui, le public québécois mérite d'entendre des formations internationales aussi prestigieuses. «Il a déjà eu la chance de développer son goût musical avec des ensembles de grande qualité comme l'OSM ou les Violons du Roy, dit-il. Mais c'est un enrichissement de découvrir comment d'autres formations abordent les oeuvres. Dans d'autres domaines, comme la danse, on reçoit au Québec les meilleures troupes du monde. Pourquoi ne pas se donner les moyens d'en faire autant avec la musique classique?»

Par ailleurs, il aimerait aussi développer des projets pour attirer un public plus jeune. «J'aimerais ajouter certains volets pour les jeunes. Par exemple, des soirées un peu plus éclatées avec des mélanges de classique, de jazz et de musique actuelle. J'aimerais qu'il y ait un volet dédié aux enfants. Il reste à trouver une formule et un espace pour eux, car la mission du festival est aussi de s'adresser à la communauté.»