Paru en septembre 2017, Rich in Symbols est un enregistrement-clé de Chet Doxas, soit l'un des jazzmen les plus importants à émerger de Montréal.

Le trentenaire s'est déjà distingué auprès du trompettiste Dave Douglas et de la grande compositrice et claviériste Carla Bley, mais il dépasse pour la première fois de sa carrière la synthèse virtuose en tant que leader conceptuel.

Établi à New York, le saxophoniste ténor et clarinettiste mettait de l'avant la matière de cet album électro-jazz-rock, d'inspiration no wave et associée à différents artistes visuels de New York au cours de la période 1975-1985 - Robert Mapplethorpe, Keith Haring, Jean-Sébastien Basquiat, etc. Ainsi, les tableaux, graffitis et photographies de ces artistes majeurs sont projetés pendant que s'expriment les instrumentistes en ce mardi au Gesù.

N'allons pas déduire que ces musiques sont des transcriptions jazzifiées de Television, Blondie ou The Contorsions. Chet Doxas en évoque la crudité des thèmes, l'inclination au primitivisme rock, la prédominance des guitares, mais en génère définitivement une oeuvre jazz. Certaines séquences improvisées débordent même dans l'improvisation libre, mais restent généralement organisées et cohérentes, même si les fréquences émises peuvent être sales et corrosives par moments.

La proposition rythmique, gracieuseté du bassiste/DJ Zack Lober et du batteur Jerad Lippi, n'est pas non plus strictement binaire comme le rock; les mesures composées ici proposées témoignent d'une connaissance nettement plus élevée à ce titre. Combiné au saxophone du leader, le travail très créatif des guitaristes, Brad Shepic et Rob Ritchie, est crucial dans la facture générale. 

Tout cela s'inscrit sur un territoire indirectement comparable à un Donny McCaslin, qui a travaillé auprès de David Bowie sur son ultime Blackstar et lancé un album de même cousinage en 2016.

Indirectement, doit-on insister : le projet de Chet Doxas s'en démarque avec brio.