Tout un buzz pour Too Many Zooz! Hier soir, L'Astral était plein de non-jazzophiles... qui pourraient le devenir plus vite qu'ils ne le croyaient. On ne peut présumer de leur conversion, mais... ils ont bel et bien reçu un traitement-choc. Ils ont à la fois ressenti la ferveur du jazz primitif et carburé à une énergie hardcore bien d'aujourd'hui.

Devant eux, de méchants malades venus de la Grosse Pomme. Saxo baryton aux cheveux teints, membres tatoués, gestes lascifs, hurlements d'homme des cavernes entre les exécutions. Trompettiste baraqué, barbu, affublé d'une camisole de Vince Carter des Raptors, poumons infiniment gonflables. Percussionniste aux couleurs vives, grosse caisse modifiée en bandoulière. Trois bardes survoltés, pour employer une litote. À trois, ils sonnent comme une fanfare!

Nous sommes soufflés par ce cyclone qu'ils nomment brass house, spirale ascendante de fréquences jazzistiques, balkaniques, arabisantes, gitanes, funk, R&B, house, et plus encore. Rien n'est complexe dans l'articulation mélodique ou dans les progressions harmoniques, tout repose sur l'imbrication de riffs on ne peut plus incandescents. Tout relève de l'énergie brute et de la transe festive.

Chaque séquence de ce spectacle est construite à la manière d'une escalade d'intensité. Voilà qui n'est pas sans rappeler l'ensemble Moon Hooch, trio américain de même cousinage venu l'an passé au FIJM et plus porté sur l'électro, quoique... des compléments discrets renforcent l'instrumentation acoustique de Too Many Zooz et confèrent à cet escadron des propriétés semblables à l'EDM la plus contagieuse.

L'exécution sur scène de ce groupe new-yorkais s'avère ainsi supérieure sur scène à celle de ses enregistrements, pourtant très chauds. Ils sont de redoutables bêtes de son, nous sommes des bêtes de danse, nous sommes tous en transe. Et vive la brass house.