Quelques petites minutes ont suffi pour observer que les fans de la formation Soft Machine, attendue à Montréal après quatre décennies d'absence, ne se pouvaient tout simplement plus samedi au Monument National.

Chaque intervention du quartette était applaudie à tout rompre, chaque solo bruyamment acclamé. La moindre fréquence émise était facteur de jubilation.

De retour après une trrrrrrrrrès longue pause d'Amérique, donc, le quartette anglais s'est fait vachement désirer. Et pour cause? Chose certaine, il s'agit là d'un des premiers groupes rock ayant greffé le jazz et l'improvisation libre à ses matériaux de création, des archives sonores en témoignent.

Issus de cette époque glorieuse, les fans de prog et de jazz rock ont chéri les découvertes de Soft Machine, comme ils l'ont fait pour tant de groupes anglais que l'on se gardera d'énumérer. Ça se passait à la fin des années 60, ça le faisait début des années 70... et ça ne le fait peut-être plus en 2018. 

Sauf la nostalgie et la reconnaissance de l'apport historique de ces valeureux septuagénaires, cette facture a pris des rides sur scène, elle n'a certes pas la même fraîcheur des propositions signées Robert Fripp, pour ne citer que cet exemple probant. 

La relecture du répertoire ancien de Soft Machine et l'exécution des oeuvres récentes de la formation nous replongeaient très vaguement dans ce son rock expérimental, somme toute passéiste et redondant. 

Contrairement à ce qu'on observe dans moult enregistrements de Soft Machine, les intégrations de jazz étaient plutôt ténues samedi soir, l'esprit rock dominant les autres influx stylistiques malgré l'instrumentation - guitare électrique, claviers, saxophone, batterie.

Or, l'approche suggérée samedi était plutôt sale et acidulée, plutôt limitée techniquement - bien sûr si l'on s'en tient aux standards d'aujourd'hui.

Quelque peu brouillon dans l'ensemble, le jeu collectif menait à conclure que le legs de Soft Machine demeure important... et qu'il reste figé dans un passé de plus en plus lointain. 

Machine un peu vieillotte... et pas très soft.