Opus ambitieux de notre bienveillant Dr. Lonnie Smith, sorti chez Blue Note en 2016, Evolution était vendredi le thème du concert présenté au Gesù. Sauf exception, cependant, le répertoire de l'album n'y fut pas vraiment interprété; le leader avait plutôt choisi de reprendre cette instrumentation de l'album, plus considérable que d'ordinaire, pour ainsi attaquer différents classiques de son oeuvre.

Attaque massive en perspective !

Dans l'esprit de cet enregistrement sorti en 2016, le trio de l'organiste (Jonathan Blake, batterie, Jonathan Kreisberg, guitare) s'était adjoint les services de la chanteuse Alicia Olatuja et d'une section de vents - trompette, saxos ténors et barytons, sans compter le sage trombone de Robin Eubanks que l'on souvent apprécié chez Dave Holland.

Les ondes étaient déjà torrides d'entrée de jeu avec l'interprétation de Too Damn Hot, Lonnie Smith a ensuite déclamé et chanté les premiers vers d'un poème humaniste, s'accompagnant avec un étrange clavier reproduisant un orchestre de chambre. Cette longue introduction précédait la première intervention d'Alicia Olatuja, relecture jazzy soul du classique All In My Mind composé par l'organiste à la fin des années 70 - et dont le titre a été repris pour un récent enregistrement public.

Une autre séquence du clavier « orchestre de chambre » fut suivie par des barrissements de cuivres et de anches, entrelardés de solos de sax baryton, sax ténor, orgue ou batterie dans l'esprit de cette fresque... Car il s'agissait bien d'une fresque se concluant sur un rythme samba jazz. Ouf. 

Une chanson gospelisante, douce, sombre, envahit l'amphithéâtre; l'auditoire est suspendu aux notes de Pilgrimage, composée pour l'album Rise Up ! (2009), et dont la mélodie est magnifiquement portée par Alicia Olatuja, voix typique de la culture afro-américaine, parfaitement soudée à la Hammond B3, sans compter les improvisations guitaristiques et les motifs des instruments à vent.

Tous ensemble pour nous emmener au ciel ! Ovation dans la salle, band et public en feu, achevés par Talk About This. Vocalises, solos, interactions, rythme, groove parfaitement funky, cette heure et demie fut couronnée de plaisir... et prolongée par un rappel chaudement réclamé. Un autre funk d'enfer pour le dessert !  

Impossible d'imaginer plus authentique, plus proche de l'esprit originel.