Le comédien Frédéric Pierre a ajouté sa voix au débat entourant le spectacle SLĀV de Robert Lepage et Betty Bonifassi.

L'acteur noir a publié un long message sur son compte Facebook, dans lequel il demande à «ses soeurs, ses frères» de laisser les artistes tranquilles.

Frédéric Pierre rappelle qu'historiquement, le Blanc est effectivement «allé dérober les biens culturels partout dans le monde pour les mettre dans ses musées occidentaux et en quelque sorte présenter ces cultures avec son regard colonisateur».

«Mais nous n'en sommes plus là», écrit-il.

Le comédien se dit conscient de la peine et de la douleur qui perdurent au sein de la communauté noire et croit en l'importance d'en parler, ajoutant que «même (s'il n'est) pas d'accord avec ce soulèvement, (il) comprend l'émotion» et la ressent aussi. Le Blanc doit le comprendre et accepter qu'on grogne encore, note-t-il.

«Mais je crois qu'on doit s'élever au-dessus du ressenti... pour éviter les dérives militantes», indique-t-il.

Le spectacle SLĀV, dirigé par le metteur en scène blanc Robert Lepage, présente, dans le cadre du Festival international de jazz de Montréal (FIJM), des pièces composées par des esclaves noirs et interprétées par la chanteuse blanche Betty Bonifassi.

De nombreuses voix se sont élevées contre la présentation du spectacle qui représente, estiment-elles, une appropriation raciste de la culture noire.

Les Blancs ne devraient pas profiter de l'histoire, de la culture et de la souffrance des Noirs, a indiqué Lucas Charlie Rose, un artiste hip-hop ayant organisé un rassemblement s'opposant au spectacle, mardi.

D'autres personnes, notamment dans les médias, ont plutôt dénoncé les militants, affirmant que Betty Bonifassi a été touchée par les chants d'esclaves et qu'elle souhaite les faire découvrir au public pour rappeler un pan douloureux de l'histoire.

Selon le site du FIJM, SLĀV: une odyssée théâtrale à travers les chants d'esclaves permet de «tisser des liens de manière universelle entre différentes pages d'histoire connues et moins connues - ou volontairement oubliées - qui ont mené l'humanité à asservir des peuples».

Le spectacle était présenté pour la première fois mardi. Le théâtre avait ajouté 11 supplémentaires, alors que les billets des cinq premières dates se sont envolés.

Robert Lepage et Betty Bonifassi ont diffusé une déclaration commune, mardi, sur Facebook, pour s'expliquer.

«Oui, l'histoire de l'esclavage sous ses multiples formes appartient d'abord à ceux et celles qui l'ont subi, et à tous ceux qui en ont hérité», ont-ils soutenu.

«Le métissage dans toute sa fécondité artistique et culturelle est au coeur de SLĀV, tout autant que l'esclavage. Avons-nous le droit de toucher à ces sujets? Le public en jugera après avoir assisté au spectacle.»

Le militant Vincent Mousseau a fait un discours lors de la manifestation de mardi, affirmant que les producteurs du spectacle «prenaient le contrôle de notre douleur, notre souffrance, notre histoire, pour des billets de 60 à 90 $».