Révélation jazz de Radio-Canada pour la saison 2015-2016, le pianiste, improvisateur, compositeur et leader d'orchestre Guillaume Martineau ne se tourne pas les pouces: un album en quintette (Par 5 chemins) lancé en 2015, un triptyque d'enregistrements solos sortis l'an dernier, et voici l'ambitieux collectif Lucioles qui vient de rendre public l'opus Théâtre magique, réalisé par le batteur Robbie Kuster - qu'on a connu chez Patrick Watson.

Tout ça en trois ans. Et l'on ne compte pas les émissions éclatées de musique improvisée qu'il animait à CIBL, ses tournées à l'étranger... Il se passe des choses dans cette caboche!

Ce soir à L'Astral, la matière de Théâtre magique prend forme sur scène. La taille du personnel en dit long: Guillaume Martineau, piano, melodica, chant; Robbie Kuster, batterie, chant, scie musicale, kalimba; Simon Pagé, contrebasse, basse, chant; François Jalbert, guitares; Nicolas Ferron, guitare, synthétiseur; Olivier Salazar, vibraphone, harmonium, claviers; Erika Angell, chant; Mélanie Bélair, violon, chant; Bojana Milinov, alto ; Sheila Hannigan, violoncelle.

«J'ai tout orchestré, ce sont toutes mes compositions, mais... chaque musicien a sa part créative, et c'est pour ça qu'il s'agit d'un collectif. Mes pièces sont confiées à des artistes, le résultat final émane de plusieurs cerveaux.»

Cinéma et cirque

Si plusieurs individualités sont mises au service de Théâtre magique, plusieurs genres concourent à en décrire l'approche.

«J'aime dire que cet album a des qualités cinématographiques. C'est aussi proche des arts de la rue ou du cirque, mais avec un pied dans notre époque.»

Proche en effet de la trame cinématographique, la musique de Guillaume Martineau est à la fois composite, éclatée et très cohérente. Lui soutient que les influences rock et pop sont importantes dans ce contexte. «Les mélodies et les harmonies peuvent être complexes, mais la facture reste très pop; en fait, ces pièces sont construites comme des chansons (couplets, refrains, ponts, etc.), même s'il n'y a pas de paroles et que la voix y devient un instrument. Sur l'album, chaque composition dépasse rarement cinq minutes. On est assez loin du jazz et du classique.»

Et pourtant... n'est-ce pas du jazz et du classique que provient Guillaume Martineau?

Premier cycle de piano classique à l'Université de Montréal, deuxième cycle à McGill, premier prix remporté au Concours de musique du Canada en 2009, et puis le jazz, soit un programme au Berklee College of Music de Boston. 

Guillaume Martineau dit devoir sa sensibilité musicale et son ouverture d'esprit à ses maîtres, qu'il cite dans son profil biographique: Menahem Pressler, Anton Kuerti, Richard Raymond, Gilles Manny, Joanne Brackeen, Laszlo Gardony, pour ne nommer que ceux-là.

Cela étant dit, Guillaume Martineau tend à fuir tout classicisme.

«Les musiques créatives m'ont toujours intéressé, souligne-t-il. Je compose et j'improvise depuis l'adolescence, la musique classique ne me suffisait pas. J'avais un groupe rock à l'adolescence. Lucioles est un peu la renaissance de cet esprit de groupe, mais avec un parcours académique et une expertise acquise en cours de route.»

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À L'Astral ce soir, à 18 h.