Piano Caméléons est une joute de virtuosité à deux claviers où se confondent la musique classique et le jazz. Cette volonté de métisser les deux patrimoines ne date pas d'hier : un siècle plus tôt, George Gershwin s'inspirait de Maurice Ravel. Ce n'était qu'un début !

Aujourd'hui, un nombre croissant d'excellents pianistes préconisent les deux approches. Dans le cas qui nous occupe, l'inclination est plus jazzistique : dimanche au Monument-National, Oliver Jones, John Roney, Matt Herskowitz et Julie Lamontagne deviendront pianistes caméléons. On y prévoit de vigoureux échanges à quatre mains, mais aussi à huit !

Le concept a été mis au point par Oliver Esmonde-White, technicien spécialisé dans l'assemblage et la réparation de pianos de concert, authentique passionné de l'instrument et de ses praticiens. Ainsi, il a recruté Matt Herskowitz et John Roney, auxquels d'autres virtuoses peuvent se joindre. Ce concert dominical du FIJM sera d'ailleurs parrainé par le doyen de nos pianistes jazzmen : Oliver Jones, 80 ans.

«C'est une belle occasion de découvrir le talent local. Nous pouvons compter sur des musiciens qui peuvent rapprocher les publics de mélomanes classiques et jazz, et voir se lier les styles à un très haut niveau. Je suis très heureux de constater la qualité de ces pianistes dans la trentaine sur lesquels nous pouvons compter afin d'y parvenir. Nous avons une relève pour plusieurs décennies !», s'exclame Oliver, qui s'est toujours préoccupé de notre santé jazzistique.

Toujours aussi courtois, le vétéran ne s'est pas fait prier pour donner son appréciation qu'il a de ses jeunes collègues.

John Roney 

Le musicien a d'abord obtenu son baccalauréat en piano jazz, piano classique et composition à l'Université de Toronto. Il a fait sa maîtrise à l'Université McGill et a finalement choisi Montréal pour y mener sa vie de musicien. Il a enregistré quatre albums à titre de leader et a participé à une dizaine d'autres en tant qu'instrumentiste de premier plan. Il est aussi un proche collaborateur du superbassiste Alain Caron.

«John est l'un de nos meilleurs. Il est très créatif, il a une technique superbe et il se donne entièrement lorsqu'il joue. De surcroît, il est un excellent accompagnateur ! Son style ? Je dirais qu'il est une addition de plusieurs pianistes, dont on ne peut encore dégager une identité précise. John est encore en train de la forger. De plus, il a une personnalité très attachante : il est un artiste charmant, très sympathique avec tous ses collègues.»

Matt Herskowitz

Originaire d'Albany, Matt Herskowitz est diplômé de la prestigieuse Juilliard School de New York et du Curtis Institute of Music de Philadelphie. Le musicien américain s'est installé à Montréal en 1999, où il vit toujours. Certains le considèrent comme notre pianiste de jazz disposant de la technique la plus complète, la plus avancée. Il a enregistré six albums depuis l'an 2000, sans compter sa participation au sein du trio Azimuth qu'il forme avec le flûtiste François Richard et le violoniste Helmut Lipsky.

«Matt vient davantage de la musique européenne. Je le perçois comme un pianiste classique qui fait du jazz, alors que John Roney est un pianiste de jazz qui fait de la musique classique. Très discipliné, Matt est aussi un très bon showman, il peut toujours fasciner un auditoire. D'autant plus qu'il est un interprète très émotif ! Il joue avec coeur et c'est ce dont le jazz a besoin.»

Julie Lamontagne

À l'âge de 13 ans, Julie Lamontagne remportait le premier prix du Concours de musique du Canada. Elle aurait pu envisager de devenir pianiste de concert, elle a choisi le jazz et aussi la musique populaire avec laquelle elle gagne honorablement sa vie. Elle a étudié auprès de Lorraine Desmarais, André White et feu Jan Jarczyk avant de se perfectionner à New York auprès de Garry Dial et Fred Hersch. En tant que leader, elle a enregistré quatre albums entre 2005 et 2013.

«Au cours des cinq dernières années, estime Oliver Jones, je crois que Julie a formidablement progressé. Il faut dire qu'elle a reçu une excellente éducation musicale, tant du côté de la musique classique que du jazz. Elle a abattu beaucoup de travail et elle est aussi tributaire de ce qu'a développé Lorraine Desmarais, une pionnière dans son genre. Julie est assurément parmi les plus douées.»

Au Monument-National dimanche, 20 h, dans le cadre du Festival de jazz