Pour un jeune musicien montréalais anglo-franco, se produire au Festival de jazz est une finalité. Outre sa participation à la finale de La voix, c'est avec son album Old Man que Mathieu Holubowski a su gagner sa place dans la programmation du vénérable festival, qui s'ouvre demain. Comme la Cinquième Salle de la Place des Arts était trop petite pour son public, on a annoncé une supplémentaire... au Métropolis! Portrait.

Mathieu Holubowski ne pensait jamais s'inscrire à La voix et aboutir en grande finale. Ce sont des recherchistes de l'émission qui l'ont incité à tenter sa chance aux auditions. Une chance qui lui a souri jusqu'à la finale.

Le volubile guitariste de 26 ans a sorti l'an dernier un album intitulé Old Man sur Bandcamp, sous le nom d'artiste Ogen. Hors circuit de la scène dite « locale », il a longtemps écumé les soirées open mic de Montréal.

Fils d'un père d'origine polonaise et d'une mère québécoise, Mathieu Holubowski a grandi dans un foyer bilingue d'Hudson. Après des études en science politique et en philosophie à l'Université Concordia, une longue série de voyages a changé sa vie. À la fois comme personne et comme musicien.

Dans chaque ville où il est passé, Mathieu Holubowski s'est arrangé pour se produire en spectacle. « À Paris, à Londres, à Taiwan, en Ouganda... », énumère-t-il.

« J'ai fait une collection d'histoires sans trop savoir à quoi cela allait me servir », raconte-t-il.

L'une écrite sous un manguier, dans un village du nord de l'Ouganda, inspirée par une conversation qui a tourné au vinaigre sur Facebook et qui a amené Mathieu à réfléchir au fait de vieillir avec intégrité. Une autre écrite à Taiwan lors d'une longue balade en train, ponctuée de nombreuses traversées de ponts, qui menait à un site enchanteur de montagnes de marbre. La conclusion : « Le parcours est plus important que la destination. »

La Voix: et pourquoi pas?

Beaucoup de ces histoires se retrouvent sur Old Man, dont Recycled Souls, inspirée par un ex-collègue algérien qui lui a dit, après deux mois d'amitié, qu'il allait brûler en enfer car il ne croyait pas en Dieu. Old Man a épuisé Mathieu Holubowski, mais le résultat l'a rendu très fier. C'est pourquoi il a fini par participer à La voix, alors qu'il fuyait comme la peste ce genre d'émissions. « Je n'avais rien à perdre. »

Il avait en effet tout à gagner. La preuve : le digne disciple de Patrick Watson, Dallas Green et Elliott Smith s'est rendu jusqu'en finale avec un coach de son choix et à son image, Pierre Lapointe. Et voilà qu'il se produira en supplémentaire au Métropolis le 29 juin, puisque tous les billets pour son premier spectacle, annoncé dans la petite Cinquième Salle de la Place des Arts, se sont écoulés en une demi-heure.

« C'est en voyant des gens comme moi travailler dans les coulisses de La voix que j'ai arrêté d'être méfiant. »

L'auteur-compositeur-interprète folk de 26 ans pense déjà à son deuxième album, qui se fera une fois de plus en collaboration avec son guitariste et réalisateur Connor Seidel. « Le titre, l'univers et la langue sont décidés. Il ne reste qu'à écrire les chansons », dévoile Holubowski.

Un album à forte thématique identitaire où Holubowski parle de son statut de Québécois « anglo-franco » et des divisions engendrées par la langue, explique-t-il.

Une invitation inespérée

Cet été, Mathieu Holubowski donnera une douzaine de spectacles. Il partagera la scène avec Connor Seidel et le percussionniste Chris Lamarche. Se produire au Festival de jazz représente pour lui quelque chose de mythique et d'inespéré.

« Un synonyme d'authenticité, d'intégrité musicale et de virtuosité », énumère-t-il.

« Je comprends très bien ce que cela représente d'être invité au Festival de jazz, dit-il. J'ai le sentiment que je dois prouver que je mérite d'être là. C'est un défi que je prends au sérieux. C'est beau d'avoir de la visibilité avec La voix, mais à long terme, il faut la mériter. »

Sinon, le finaliste de La voix hésite entre surfer sur son album Old Man et lancer rapidement un deuxième disque. « Je vais retravailler de bas jusqu'en haut pour faire ma place », assure-t-il.

Au Métropolis le 29 juin et à la Cinquième Salle de la Place des Arts (à guichets fermés) le 5 juillet, dans le cadre du Festival international de jazz de Montréal