C'est au Soweto Gospel Choir que revenait l'honneur de donner non pas un, mais les deux concerts de clôture du 34e Festival international de jazz de Montréal à la Maison symphonique, samedi. Un honneur bien mérité pour cette troupe de chanteurs, danseurs et musiciens - un pianiste, deux percussionnistes - qui est depuis 10 ans l'un des principaux ambassadeurs culturels de l'Afrique du Sud à l'étranger.

Lors du premier de ces deux concerts, en après-midi, les spectateurs ont eu droit à un spectacle qui transcendait le folklore. La vingtaine de chanteurs du Soweto Gospel Choir dansent continuellement et certains d'entre eux en font même leur spécialité, se prêtant à des chorégraphies intégrant le gumboot, les danses guerrières zoulou ou même le breakdance.

Ces numéros énergiques sont évidemment très appréciés, mais c'est d'abord pour leurs harmonies vocales que ces artistes sont acclamés. On applaudit chaudement les chansons gospel traditionnelles, de Swing Low Sweet Chariot et This Little Light Of Mine à Amen en passant par la plus jeune Oh Happy Day, mais aussi les hymnes que les Sud-Africains chantent à l'église et qui n'ont pas besoin d'être traduits pour faire vibrer.

Le Soweto Gospel Choir «gospelise» des chansons «internationales» qui s'y prêtent bien comme Bridge Over Troubled Water de Simon and Garfunkel et Angel de la Canadienne Sarah McLachlan qu'ils reprennent après avoir invité le public à appuyer l'organisme Save the Children. Ils citent avec autant de dignité que d'émotion un passage de Biko que Peter Gabriel a écrite en mémoire du leader étudiant assassiné au temps de l'apartheid.

Il y a aussi dans leur répertoire des choses de l'Afrique du Sud moderne comme cette chanson de libération qu'ils ont dédiée à Nelson Mandela, «le père de la nation». Et vers la fin, ils ont fait un coup de chapeau à leur grande compatriote Miriam Makeba en chantant sa Pata Pata, qui ne fut toutefois pas le moment d'émotion qu'on anticipait.

Cette heure et demie passée en compagnie du Soweto Gospel Choir était surtout une affaire ludique, pleine de clins d'oeil et de sourires. La preuve irréfutable que la joie de vivre exprimée par la culture peut être un moteur de la résilience et de la combativité d'un peuple.