Le pianiste Vijay Iyer, le contrebassiste Stephan Crump et le batteur Justin Brown forment un trio fabuleux. Jeudi soir au Gesù, ce trio a fait mentir quiconque réduit toute proposition de jazz acoustique à une musique statique, figée dans sa forme classique comme le serait un trio de mammouths dans le permafrost.

La nature de cette approche a certes quelques chose à voir avec le jazz moderne  ou contemporain tel qu'on se l'imagine d'emblée, on en convient. Or, il appert que les propositions du compositeur se démarquent clairement de tous clichés, toutes figures récurrentes de la musique de jazz composée et improvisée en trio.

Ce que Vijay Iyer extirpe des ivoires, ce qu'il extrait de la batterie ou de la contrebasse de ses collègues, bref ce qu'il génère musicalement relève de la pure originalité. Figures rythmiques hors du commun (quel batteur!), motifs pianistiques très souvent inédits, variété de trajectoires mélodiques et chapelets d'harmonies incluant tradition et vision, enfin tout chez Vijay Iyer se distingue. Et frise parfois le génie.

Au programme, pièces tirées de ses albums Accelerando et Historicity (étiquette Act), pièces récentes dont leur compositeur n'a pas encore trouvé les titres, relectures brillantes de jazzmen visionnaires tels Henry Threadgill (Little Pocked Sized Demons) ou Herbie Nichols (Wildflower), jazzification singulière d'artistes pop tels Rod Temperton (Star of a Story) ou Michael Jackson (Human Nature). Près de deux heures d'un concert d'anthologie du FIJM, le tout coiffé par Duke Ellington (The Village of the Virgin) à la manière Vijay.

Dans le contexte du FIJM, on peut conclure à un concert d'anthologie.