Aux jazzophiles ayant pu obtenir leur place à l'Upstairs (à guichets fermés pour deux soirs consécutifs), Helen Merrill a chanté hier aux côtés d'un fort bon trio new-yorkais que dirige le pianiste Ted Rosenthal, très respectueux à son égard.

Nous avions cette vie entière de jazz devant nos yeux, dans nos oreilles. Nous avions en nous cette dame «born to be blue» comme l'a dit la chanson. Plusieurs titres étaient connus de tous; Summertime, Les feuilles mortes, Lover Man, All Blues mâtiné de St.Louis Blues, et plus encore. Il y avait du bleu, nul doute là-dessus!

Mais... à l'évidence, Helen Merrill n'a plus la précision ni la justesse ni la puissance qui ont ébloui la planète jazz pendant moult décennies. Pour plusieurs, plus perméables au mythe, son âme, sa sagesse et sa personnalité craquante restent intactes et compensent l'usure du temps.

Pour d'autres, la chanteuse n'a plus les capacités nécessaires à nourrir sa légende sur scène, et ce malgré les ajustements esthétiques de sa personne et la fraîcheur de ses réparties.

Certains ont d'ailleurs quitté au milieu du concert, déçus de ce qu'ils ont entendu. Peut-être était-ce meilleur au premier set...et que la voix a décliné au deuxième...

Hier, en tout cas, le paradoxe des artistes âgés demeurait entier...