Vingt-cinq ans qu'elle se promène de bar en festival avec sa voix à arracher la peinture. À se nourrir de l'énergie du public pour faire ce qu'elle aime plus que tout: chanter pour exprimer ses feelings sur les joies et les douleurs de la vie, de sa vie.

Angel Forrest était dans un champ de Saint-Éphrem quand on lui a parlé, dimanche matin. Elle avait chanté au festival Woodstock en Beauce vendredi (pour la 14e fois) et elle est restée pour assister au concert de Peter Frampton le lendemain. «Je l'avais vu une fois quand j'avais 14 ans et je voulais absolument revoir ce grand guitariste», nous dira la chanteuse de blues, de R'n'B et de rock dont le vrai nom est... Angel Forrest, à l'affiche ce soir sur la scène Loto-Québec du Festival de jazz et au Festival de blues de Tremblant le samedi 13 juillet.

«Les années 70, c'est moi. Quand j'ai entendu Robert Plant et Led Zeppelin, je me suis dit: c'est ça que je veux faire dans la vie. Et je me compte chanceuse parce que j'ai passé ma vie à chanter. En fait, je ne sais faire que ça. Et 20 ans plus tard, malgré tout, je ne veux pas que ça arrête: j'ai encore le feu...»

Encore le feu malgré cette sciatique causée par les longs voyages en auto. Malgré le fait qu'elle a perdu sa maison de Glen Sutton à la suite d'une mésaventure dans l'hôtellerie et la restauration. Malgré que ses chansons ne tournent pas à la radio.

Angel Forrest s'est fait connaître avec un spectacle-hommage à Janis Joplin et un disque (Angel Sings Janis Live) avant d'enregistrer un CD de ses propres chansons en français (Étrange ce qui dérange, 2001). «Moi, je suis une anglophone et ça fait longtemps», lance en riant la fille de Lachine. «Quand j'ai fait ce disque en français, je me suis rendu compte que je ne pouvais pas exprimer complètement mes feelings même si c'est une langue merveilleuse. En anglais, quand je chante du blues, je peux couper, raccourcir ou étirer les mots. Je ne peux pas faire ça en français. Alors je chante en anglais pour les Québécois qui sont mes plus grands fans.»

D'où ce dernier CD, Mother Tongue Blues, très seventies dans sa présentation, qu'Angel Forrest a écrit et composé avec Denis Coulombe, son compagnon de vie et directeur musical, et Dimitri Lebel Alexandre, guitariste et mélodiste top niveau. Au programme ce soir, les pièces de ce Mother Tongue Blues que la lauréate du Lys Blues 2012 livre sous haute tension: «J'ai juste une heure! D'habitude, ça me prend une heure et demie pour me sentir bien sur la scène...»

Gageons que la Blue Firegirl, un des bons titres du disque, va quand même arriver prête à prendre et à donner «toute l'énergie du monde».