Wax Tailor, de son vrai nom Jean-Christophe Le Saoût, est un compositeur, réalisateur et DJ français dont la musique électro et trip-pop à forte évocation cinématographique est servie par des projections graphiques. Mardi soir, le musicien introverti a répondu avec succès à l'ambitieuse invitation du Festival de jazz: se produire sur la place des Festivals devant une marée humaine curieuse, mais néophyte de son art.

Après un spectacle donné à L'Astral l'automne dernier, Wax Tailor a déployé en grand son attirail sonore et visuel sur la place des Festivals, mardi soir. Un mandat ambitieux qui s'est transformé en mission accomplie.

Vers 21h30, la marée humaine réunie devant lui a dû apprivoiser l'introduction instrumentale atmosphérique de son spectacle et son univers, où la musique sert une ambiance cinématographique.

Le spectacle de Wax Tailor est une extrapolation de son dernier album, Dusty Rainbow From The Dark, qui emprunte la forme d'un conte imaginaire pour explorer la thématique de l'enfance.

Wax Tailor était derrière une console de DJ, dominant ses musiciens: un guitariste, une bassiste, un violoniste, une flûtiste et des chanteurs invités. Même une section de cuivres québécoise était de la partie pour l'occasion.

«Je n'ai pas les mots pour exprimer comment nous sommes contents d'être ici ce soir», a-t-il lancé à la foule.

Avec des chanteuses et des rappeurs (Charlotte Savary, Mattic, A.S.M.) qui venaient chanter à tour de rôle, le spectacle n'avait rien de redondant.

Une mention pour l'irrésistible chanson Heart Stop avec la voix langoureuse de Jennifer Charles, et pour les délires funk-rap quand ils étaient une dizaine de musiciens sur scène.

Des spectateurs intéressés

Le spectacle d'hier illustrait le caractère «événementiel» du festival. Nul besoin d'une tête d'affiche «grand public» pour remplir la place des Festivals. L'intérêt et la curiosité du public étaient beaux à voir.

De faire du spectacle de Wax Tailor (disque d'or en France, nommé aux Victoires de la musique, mais peu connu ici ) l'un des «grands événements extérieurs" était un choix audacieux, original et très juste, au final.

Il permettait à des spectateurs curieux et peu familiarisés par son art (pas tous, mais la plupart) de vivre une expérience musicale et visuelle qui mélange les genres. Les pièces trip-hop à la Portishead invitaient la foule à rêvasser et à s'évader. Les pièces plus rap à la Gorillaz faisaient remuer les hanches alors que les explosions électro-funk de cuivres à la RJD2 apportaient une touche jazz.

C'est une chose de piquer la curiosité du public. C'en est une autre de l'assouvir. Wax Tailor a rempli pleinement cette mission.