Pour Woodkid, la musique est aussi du cinéma, un journal intime et du théâtre. En spectacle, le résultat est beau, touchant, majestueux. Mais c'est la communion du public avec l'artiste multidisciplinaire qui rend le tout si grandiose et presque religieux par moments.

Sous les souffles d'un trombone évoquant l'arrivée d'un navire, Woodkid a lancé son spectacle avec sa chanson Baltimore's Fireflies devant un public déjà à ses genoux. Grâce à une époustouflante projection, Woodkid semblait avancer dans une immense cathédrale. Puissant pour les yeux, les oreilles et le coeur.

«Hyper heureux d'être là. À chaque fois qu'on vient à Montréal, il se passe quelque chose de spécial», a lancé Woodkid, qui s'est déjà produit au Corona et à Osheaga.

Yoann Lemoine est un (autre) nouveau génie français de l'électronique. Pianiste classique de formation, il s'est d'abord fait connaître comme graphiste et réalisateur. On lui doit des clips de Lana Del Rey, Taylor Swift, Drake et Katy Perry.

Sa carrière de musicien est jeune. En mars 2011, Woodkid a sorti un premier EP, puis un premier album officiel, The Golden Age, en mars dernier. Lundi, il n'a oublié aucun titre chéri par son public: Brooklyn, Ghost lights, I Love You ou encore Run Boy Run.

Son homosexualité et sa fascination pour l'enfance influencent son art et les paroles de ses pièces. Tel un Antony Hegerty, sa voix fragile et haut perchée sert des musiques grandioses et mélancoliques - voire dramatiques - aux orchestrations cinématographiques.

Sur scène, Woodkid dévoile en plus un grand talent d'interprète. Lundi soir, il était accompagné de deux batteurs, un claviériste, un programmateur et une section de cuivres de trois musiciens (trompette, trombone). Placés en demi-cercle, ils entouraient Woodkid seulement armé d'un micro.

À la fois les musiciens et le public suivaient les gestes du chef d'orchestre dictant le crescendo d'intensité des envolées mélodiques. L'atmosphère était gonflée à bloc pendant une pièce aux rythmes militaires comme Iron.

«Il y a quelque chose que je veux vous dire: I Love You», a lancé dans un élan de spontanéité Woodkid devant la foule fervente.

Celui qui dit en entrevue aimer autant les jeux vidéos et la trilogie du Seigneur des anneaux remporte son pari en spectacle: explorer l'interactivité entre «le naturel» et «le produit». Son spectacle est chaleureux et théâtral. Authentique et rodé au quart de tour (éclairages, projections).

Dans un genre similaire à Woodkid (mais plus dansant), sachez que son compatriote français Wax Tailor se produit mardi sur la place des Festivals, l'un des «grands événements» gratuits du Festival de jazz.

Mozart's Sister en première partie

Plus connu à l'étranger que dans sa ville natale (en l'occurrence Montréal), Mozart's Sister assurait la première partie de Woodkid dans un Métropolis déjà bien rempli. Les chansons électro-pop de Caila Thompson-Hannant (Think About Life, Miracle Fortress), accompagnée de deux claviéristes, lundi, prenaient une tournure artisanale sympathique, mais un peu trop relâchée pour la grandeur du Métropolis. Une sorte de party-spectacle dans un loft transposé dans un amphithéâtre de 2000 personnes.