Les Barr Brothers ont leur public de fidèles qui étaient au rendez-vous au Métropolis, au Festival de jazz de 2012, et qui emplissaient le Club Soda quelques mois auparavant.

Ceux-là étaient assis devant la grande scène de la place des Festivals bien avant que Brad et Andrew Barr, Sarah Pagé et Andrés Vial n'y mettent les pieds pour la balance de son un peu après 20 h, hier soir.

Mais c'est en raison de la présence de tous les autres, curieux ou badauds, qui s'alignaient derrière jusqu'à la rue Sainte-Catherine, à 21 h, que ce concert gratuit revêtait une importance particulière.

On l'a dit, ces frères originaires du Rhode Island et implantés à Montréal depuis près de 10 ans ainsi que leurs deux complices montréalais sont sans doute le secret le mieux gardé chez nous. Ils ont beau avoir 200 concerts dans le corps et des fans un peu partout en Amérique du Nord, le grand public montréalais tarde à les découvrir. C'est à peine si les fans de Patrick Watson les ont reconnus, mardi dernier, au Gesù, où Sarah s'est greffée au groupe Arc Iris et où Brad est venu épauler le copain Watson au rappel.

Ambiance folk

Ceux qui avaient été attirés à la place des Festivals par la rumeur folk qu'on leur accole ont dû être un peu étonnés. C'est que les Barr Brothers sont folk dans ce que le folk a de plus universel : une musique authentique, organique et rassembleuse. Même quand ils reprennent un hymne du grand-père du folk Woody Guthrie (Who's Going To Shoe Your Pretty Little Feet), la seule de leur première heure de concert qu'ils ont présentée comme une de leurs « nouvelles » chansons, ils le font à leur manière : tantôt atmosphérique, tantôt bluesée, sinon écorchée.

Du folk peut-être, mais joliment actualisé. En fait, la plus folk des chansons en première partie fut leur succès Beggar In The Morning, qu'ils ont joué juste avant la pause d'une heure.

Comme ils le faisaient déjà l'an dernier, les Barr Brothers ont ajouté des cuivres à leurs effectifs, Amy Millan est venue chanter avec Brad pendant la délicate Ooh, Belle, et Mamadou Koita s'est amené jouer du balafon dans Give the Devil Back His Heart, aux accents plus africains et plus envoûtants que jamais.

Pendant la ballade Kisses From Chelsea, inédite sur disque mais qu'ils jouent depuis un certain temps, Brad Barr s'est amusé à tirer des sons insolites de sa guitare en utilisant une corde comme un archet. Les cuivres se sont manifestés, mais en appui. Parce que chez les Barr Brothers, même les solos (la guitare de Brad dans Give the Devil..., la harpe de Sarah qui fait le pont entre la chanson de Guthrie et une autre inédite qui s'intitule probablement Love Is Enough) sont d'abord et avant tout au service des chansons.

Ce public d'un soir les a applaudis avec chaleur jusqu'à la rue Sainte-Catherine. Ils remettaient ça à 23 h.