Piers Faccini revient à Montréal précédé de son magnifique album My Wilderness. Un disque riche en arrangements de toutes sortes qu'il s'amuse à réinventer en duo avec le percussionniste Simone Prattico. Explications.

S'il en avait les moyens, Piers Faccini partirait peut-être en tournée avec une armée de musiciens. Peut-être pas non plus. «J'adore jouer en duo», déclare spontanément le chanteur et musicien britannique établi en France, qu'on a applaudi avec son complice Simone à L'Astral à l'automne 2010.

Cette fois, le défi de Faccini est d'autant plus important que son dernier album My Wilderness puise dans toutes sortes de musiques (nord-africaine, napolitaine ou des Balkans) et utilise une variété d'instruments, dont la trompette d'Ibrahim Maalouf.

«Quand on n'a pas les moyens, étrangement, ça libère aussi une richesse, parce qu'on est obligé de creuser, de faire en sorte que ça fonctionne même si l'approche est très minimaliste, répond Faccini. À deux, on est constamment dans la recherche et dans la réinvention des morceaux. Cette remise en question fait que même si je joue la même chanson 100 fois en six mois, j'ai toujours l'impression de l'aborder un peu différemment.»

Récemment, Faccini a poussé cette logique un peu plus loin en éliminant de son concert à peu près toutes les boucles de voix et de guitare: «Quand on fait des boucles, même quelqu'un de très fort comme Andrew Bird, le public concentre souvent son attention sur le pédalier sur scène plutôt que sur l'énergie de la performance. Je veux que ça reste un peu brut: on est là tous les deux, Simone qui est extrêmement polyvalent avec sa batterie, et moi. Une guitare, une voix, et basta!»

Retour au folk

Libéré de son contrat avec la maison de disques française Tôt ou Tard, mais toujours lié à l'américaine Six Degrees, Faccini met la touche finale à un album très acoustique, intimiste et doux qui le ramènera au folk anglais auquel il avait pris l'habitude de mêler du blues et de la musique de l'Afrique de l'Ouest.

«Ce sont des chansons avec une attention particulière au texte, mais qui restent toutes dans la même énergie au lieu de passer, comme je le fais souvent, d'un morceau plus dynamique à un autre très doux, explique-t-il. J'ai toujours eu envie d'une collection de chansons qui serait presque comme un livre. C'est pas très commercial mais, artistiquement, ça m'emballe.»

Un disque sur lequel on entendra enfin Piers Faccini chanter en français, lui qui habite la campagne française depuis une dizaine d'années. Le déclic est survenu lors d'un récent concert à La Réunion, au cours duquel il a repris une chanson en créole d'Alain Péters, qu'il chantera probablement ce soir au Club Soda.

«À La Réunion, des gens m'ont vraiment aidé à comprendre toute la complexité et la poésie des mots, et j'ai l'impression que le fait de chanter en créole m'a libéré en tant qu'anglophone pour écrire en français, raconte-t-il. Du coup, j'ai écrit trois ou quatre poèmes en français, dont un que j'ai mis en musique et qui va sûrement être sur mon prochain album.»

Arrivé de New York, où il a chanté plus tôt cette semaine, Faccini se proposait de donner une touche particulière à son concert de ce soir au Club Soda: «Je vais évidemment beaucoup jouer dans le nouvel album, mais comme il est sorti il y a presque un an, j'ai aussi envie de présenter un truc un peu plus large, de faire peut-être deux ou trois reprises et des trucs qui, sans tout révéler, auraient une connexion avec Montréal.»

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Piers Faccini au Club Soda, ce soir à 22h.